Magnifique David Kadouch avec l'Onap : Première audition en France du concerto pour piano et orchestre de Lūcija Garūta






Après des salves d'applaudissements enthousiastes, David Kadouch bouleversant dans son interprétation du concerto pour piano de la compositrice et poétesse Lettone Lūcija Garūta, s’est adressé, bouleversé mais comblé, à son public : ” C'est la première fois que nous jouons ce concerto en France. Je suis très heureux d'avoir pu l'interpréter avec l'Orchestre National Avignon Provence. Il a été composé dans une période troublée et fait écho aux événements que nous vivons aujourd'hui. J'espère beaucoup le faire découvrir encore au public (et sans doute l’enregistrer) car il va droit à mon cœur “. 


Quelle belle découverte ! En effet, ce concerto pour piano et orchestre en fa dièse mineur qui se présente en trois mouvements (Lento-pesante, Grave, Maestoso) est comme un long cri de douleur. La compositrice Lūcija Garūta, (1902-1977) éprouvée par la mort de sa nièce Laïla, à seulement douze ans, a écrit une œuvre sombre, avec quelques évocations de chants funéraires lettons. Malgré la désapprobation des sbires de l'Union des compositeurs de la République Soviétique de Lettonie, le concerto monumental de Lūcija Garūta, écrit en mémoire de Laïla, est créé en septembre 1955. Le premier mouvement est passionné et tendu, à la Rachmaninov, le second crie au désespoir dans une marche funèbre que le piano renforce d’accords martelés dans la sombre tonalité de mi bémol mineur, du troisième, monte un choral majestueux, entrecoupé de plages plus aérées, puis se dresse à nouveau, ardent, fervent, tel une prière pour se fondre avec le carillon obstiné du piano dans un final à la fois tragique et plein d'espérance. 


La soirée, placée sous thème du crépuscule, abordait en seconde partie la 6ème symphonie de Tchaïkovski. Là encore, l’Orchestre national Avignon Provence dirigé avec précision par Débora Waldman, engagé comme jamais, a su toucher le public. Comment résister à la beauté de ses cordes, violons, altos et violoncelles dès l’entrée dans l’adagio émouvant du premier mouvement ? jusqu’au très fourni pupitre des contrebasses déchaînées dans l’allegro non troppo. Le second mouvement printanier, fait dialoguer cordes et petite harmonie dans un régal de sonorités sensibles. Le tourbillon de l’allegro molto vivace rythmé et joyeux, s’est paré de cuivres somptueux, scandant une marche triomphale et conduisant à un finale dans un tutti irrésistible, très applaudi. La symphonie aurait pu s’arrêter là. Mais Tchaïkovski la termine par un incroyable adagio lamentoso. Là encore les cordes, dans des entrelacs douloureux, subliment cet adieu déchirant à la vie, ponctué par une trompette mélancolique. On reste sans voix devant cette profonde détresse, devant la subtilité de l’écriture, devant le dernier élan passionné de tout l’orchestre qui veut croire encore à la vie. Mais les derniers trémolos des violons, angoissés, ne laissent plus d’espoir… Longtemps après la dernière note évanouie, le public reste immobile et silencieux. Impressionnant et magnifique. 





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