Comme les
années précédentes, les journées européennes * « Tous à
l'Opéra », dont le parrain est cette année Philippe
Jaroussky, ont été l'occasion pour les Chorégies de faire entendre
quatre jeunes chanteurs dans le cadre d'une « Carte blanche
aux voix nouvelles ».
Le Palais
des Princes d'Orange, bien rempli, est devenu le rendez-vous annuel
d'un public curieux et passionné par les voix.
La
soprano parisienne Marlène Assayag ouvre la soirée avec un feu
d'artifice vocal étonnant, foisonnant de difficultés. Culotté
d'ouvrir son programme avec ce « Je t'aime »,
vocalise pour soprano léger et piano d'Isabelle Aboulker. Et c'est
parfait. Joie, rire, pleurs, passions, tout y passe, avec perfection,
aussi bien dans les vocalises périlleuses que dans le jeu. La voix,
juste et pure, sonne comme le cristal. Plus tard, dans la seconde
partie, Marlène Assayag campe, de la même façon, une Reine de la
nuit furieuse et éblouissante.
Vient
ensuite Beste Kalender, mezzo-soprano d'origine turque qui vit au
Canada. Sa présence, comme celle de Cairan Ryan, baryton belge
également installé au Canada, a été possible grâce à la
rencontre du directeur Raymond Duffaut, directeur général des
Chorégies, avec son homologue du Concours des jeunes ambassadeurs
Lyriques du Canada. Ainsi cette année, deux artistes canadiens sont
présents à cette Carte blanche aux Voix Nouvelles, pour notre plus
grand plaisir.
En effet,
la brune piquante, Beste Kalender, dans la Séguédille de Carmen,
promène avec charme et malice sa voix chaude aux graves somptueux.
Elle ravit ensuite l'auditoire dans deux airs de Mozart : La
Clémence de Tito et Le Nozze de Figaro, ainsi que dans deux
duos avec Marlène Assayag : « Aprite, presto,
aprite ! » des Nozze, puis celui « des
fleurs » de Lakmé où les deux voix féminines se fondent
délicieusement.
Cairan
Ryan fait son apparition avec un duo de Don Pasquale où sa
partenaire Marlène Assayag enchante avec ses aigus légers. Beau
contraste avec sa voix ample, claire, qui fait merveille, comme son
talent irrésistible de comédien. Plus sérieux et sensible, l'air
de Fritz dans « Die Tote Stadt » d'Erich Korngold,
précède le fameux air de Figaro du Barbier. Beaucoup d'abattage,
d'humour et de voix ! Suit un duo avec Beste Kalender dans le
« La ci darem la mano » de Don Giovanni. Idéal.
Le
quatrième artiste, le ténor toulousain Enguerrand de Hys, débute
avec « Una furtiva lagrima » de l'Elisir d'Amore.
Sa voix riche d'harmoniques, pleine et ensoleillée, livre une
version épurée et sensible. On le retrouve avec Cairan Ryan dans le
superbe duo des « Pêcheurs de perles » où leurs
voix d'or de mêlent avec bonheur.
Enfin,
après le trio des Noces de Figaro, tous se retrouvent un verre de
champagne en main, pour chanter le fameux « Libiamo »
de La Traviata. Dans une belle connivence avec le public, ils le
rechantent en bis...
Un très grand bravo à Marie-Claude Papion qui a chanté avec son piano de manière remarquable, assurant une présence " orchestrale " dynamique, efficace et sensible, auprès des chanteurs avec lesquels elle était en parfaite osmose.
Les jeunes chanteurs aux côtés de Raymond Duffaut, directeur des Chorégies.
* Des
journées organisées par la Réunion des Opéras de France, dont les
Chorégies font partie, et qui fête aujourd'hui le cinquantième
anniversaire de sa création, en partenariat avec Opera Europa et
Reseo.
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