Un Enlèvement au Sérail pas trés enlevé, décousu et interminable...


Le sérail du pacha turc, Selim Bassa, transformé en un Sérail Cabaret viennois des années trente, selon le désir le la metteuse en scène Emmanuelle Cordoliani, s'annonçait comme une promesse de vitalité et d'originalité, au service de Mozart.
Malheureusement, la mise en scène touffue, brouillonne, se noie dans les surcharges symboliques et devient vite systématique et prévisible. On comprend alors que la profusion d'acteurs sur la scène, la multiplication d'actions au sein d'un même tableau, l'allongement des textes par des digressions poétiques, aussi intéressantes qu'elles puissent être, ne peuvent que nuire à l'unité de l'oeuvre, et plomber l'atmosphère. 
Certains spectateurs, consternés, n'ont pas pu rester jusqu'au troisième acte et sont partis à l'entracte. Les autres, confinés dans un Opéra Confluence transformé en sauna, ont eu du mal à ne pas succomber à la température qui flirtait avec les 28°, alors que le dernier acte, s'étirait en longueur...
Et Mozart dans tout ça ? Il y avait bien un peu de musique entre les envahissants textes... et l'Orchestre Régional Avignon-Provence, a souligné avec efficacité et délicatesse, toute la joie et la profondeur de ce premier grand opéra en allemand de Mozart, sous la direction tellement claire et dynamique de Roberto Forés-Veses.
Dans la distribution on remarquait les excellents choeurs de l'Opéra Grand Avignon, et parmi les solistes la voix solaire et l'aisance des aigus du ténor Blaise Rantoanina, alias Belmonte, entendu cet été aux Chorégies d'Orange lors du Concert des Révélations de l'Adami. Puis deux lauréats du 25ème concours international 2017 de chant de Clermont-Ferrand. D'abord la soprano Katharine Dain, en Konstanze, voix prenante, quelquefois un peu forcée dans les aigus. Puis l'amusant Pedrillo par le ténor César Arrieta, à la voix un brin timide, la soprano Elsa Cenni, Blondchen vivace et brillante, la basse Nils Gustén, Osmin plus fantasque que méchant, un peu léger dans les graves. Reste Selim Bassa, rôle parlé avec foi par Stéphane Mercoyrol, tour à tour, pacha implacable, homme amoureux et profond qui pardonne.
Une production intéressante par sa volonté de changer les repères, de sortir des clichés orientalisants, d'apporter des moments de divertissement comique, de réflexion et de poésie. Mais ce caléidoscope, séduisant en apparence, laisse le spectateur en chemin, perdu dans les méandres interminables de vaines démonstrations.














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