Création mondiale de Telperion et Laurelin de Martin Romberg par L'Orchestre Régional Avignon Provence
Vendredi
soir 6 décembre, l'Opéra Théâtre Avignon Provence s'ouvrait pour
un concert de prestige, baptisé « Eternité ».
L'Orchestre Régional Avignon Provence, sous la direction de Samuel
Jean mettait à son programme, une œuvre rare de Duparc « Aux
étoiles », la création mondiale de Telperion et Laurelin de
Romberg, et le nouveau Chœur Symphonique Avignon-Provence entrait
pour la première fois en scène avec la messe en ut de Beethoven...
Un triplé gagnant !
Aux
Étoiles d'Henri Duparc
Compositeur
connu pour ses superbes mélodies, le talent de compositeur
symphonique d'Henri Duparc se révèle dans cette courte pièce « Aux
étoiles », l'un des deux fragments de son opéra La Roussalka
qui nous soit parvenu. Ce mouvement lent, merveille de poésie et de
sensibilité, laisse les instruments de l'orchestre s'exprimer tour à
tour : le cor, le violoncelle, le violon, dans des harmonies
riches et pleines, aux cordes chaudes et charnues, dans un esprit
apaisé, parfaitement traduit par les musiciens de l'orchestre.
Création
mondiale de « Telperion et Laurelin » de Martin Romberg
En
préambule, le compositeur Martin Romberg monte sur scène pour
expliquer la genèse de son œuvre « Telperion et Laurelin,
une idylle à l'aube des mondes » qui s'inspire de l’œuvre
de l'écrivain britannique J.R.R Tolkien : « Telperion
et Laurelin sont deux arbres fictifs dans le légendaire de Tolkien.
Ils portent les noms de Telperion, le blanc-argenté, et Laurelin, le
doré. La forme de l’œuvre est basée sur différentes scènes
clés du mythe et la transformation d'un seul motif musical à
travers les scènes. Dans l'introduction, le motif joué par les
violoncelles représente l'incantation de la divinité de la terre,
Yavanna, qui grâce à son chant fait pousser les deux graines des
arbres ». Et le résultat sonore fait naître un souffle
poétique, qui s'appuie notamment sur l'utilisation de la harpe et du
célesta, auquel s'ajoute une harmonie originale laissant planer une
atmosphère étrange. Tout débute par un ostinato pianissimo des
violons sur lequel vient se greffer le chant plaintif du violoncelle,
utilisant par instant le glissando et le portamento, ajoutant encore
à l'effet mystérieux. La même phrase musicale parcourt les
pupitres, s'enchevêtre, se développe, et rejoint l'orchestre
entier. Dans une lumière irisée et frémissante, mêlée d'or et
d'argent, celui-ci laisse dialoguer la harpe, placée côté jardin,
et le célesta, placé côté cour. Un dispositif de spatialisation
du plus bel effet. La destruction des arbres interrompt cette musique
des sphères. Un épisode tumultueux fait enfler l'orchestre, les
trompettes annoncent le drame, accentuées par des accords grinçants.
Après une descente chromatique frénétique, c'est l'apaisement. De
Telperion une fleur renaît, de Laurelin un seul fruit... Un climat
magique et serein s'installe, le célesta et la harpe enchantent
encore, soutenus par les cordes, et le cor au loin. Sur un accord non
résolu, l’œuvre se conclut par deux phrases interrogatives du
célesta... L'Orchestre Régional Avignon-Provence a manifesté dans
cette œuvre, une superbe maîtrise des pupitres, créant une
atmosphère subtile et délicate. Le public, des fauteuils
d'orchestre au poulailler, applaudit sans réserve. On espère que
l'Orchestre d'Avignon mettra souvent à son répertoire cette œuvre
qu'il a commandée à Martin Romberg...
La messe
en ut de Ludwig Van Beethoven
Moins
connue que la célèbre Missa Solemnis, cette messe en ut composée
en 1807 séduit par son caractère simple et direct. Elle réserve
une part prépondérante au chœur. Cela tombe bien, car c'est le
premier concert du Chœur Symphonique Avignon-Provence, créé dans
l'été. Issu d'éléments appartenant aux chorales environnantes, il
est dirigé par Vincent Fuchs, bien connu pour animer l'association
Spectacul'art et plusieurs chœurs. Avant de débuter l’œuvre, le
chef Samuel Jean se tourne vers le public et déclare : « ce
6 décembre est un triste jour, nous allons jouer cette messe en
mémoire de Nelson Mandela » disparu la veille au soir.
C'est donc dans une atmosphère propice au recueillement que débute
le kyrie, en ut majeur, aux chœurs fluides et sereins. Suivent le
Gloria et le Credo, soulignant de manière imagée le texte, en des
accents ardents et joyeux ou pathétiques. Le chœur soutient avec
une belle vigueur ses dialogues avec l'orchestre. Il apparaît
idéalement homogène, mais semble pâtir de justesse dans les
passages mezzo ou piano. Une baisse de régime constatée également
dans le Sanctus, mais qui se rétablit avec bonheur dans l'Agnus Dei
conclusif. Un magnifique début pour ce chœur symphonique qui, il
faut le souligner, a été créé tout récemment. En outre, il a
procédé à un travail d'ensemble pendant seulement trois week-end
pour mettre en place cette œuvre d'une quarantaine de minutes...
Chapeau bas. Même si sa place est plus réduite, le quatuor vocal
composé de la soprano Marie-Laure Garnier, la mezzo-soprano
Catherine Trotmann, le ténor Jérôme Billy et la basse avignonnaise
Raphaël Marbaud, a ponctué cette messe avec talent. Une œuvre dans
laquelle Beethoven innove et étonne ses contemporains, mais qui a
ravi l'auditoire avignonnais, comme en 1864 pour l'installation du
nouvel archevêque d'Avignon.... Une longue ovation vient clore ce
moment... d'éternité.
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