L'Héroïque de Beethoven, deux découvertes de d'Indy et Dubois, trois raisons d'aimer l'orchestre Régional Avignon Provence dirigé par Jean-François Heisser

Un trio d'artistes, le pianiste Jean-François Heisser, le violoncelliste Marc Coppey et le flûtiste Tristan Hayoz se sont mis en quatre pour révéler au public avignonnais, avec l'Orchestre Régional Avignon Provence, un duo de compositeurs quelque peu oublié, Vincent d'Indy et Théodore Dubois.
Au programme également de ce concert symphonique du 14 février 2014, la symphonie n° 3, dite Héroïque de Beethoven et sa célèbre marche funèbre.


La soirée débute avec le Concert en mi bémol majeur pour flûte, violoncelle et piano, opus 89, de Vincent d'Indy. Composé en 1927, « il explore la musique ancienne et donne une nouvelle modernité au concerto grosso du 18ème siècle » peut-on lire sur la plaquette de présentation. De fait, l'orchestre de comprend que les cordes. Le premier mouvement pastiche un peu la musique ancienne, s'appuie sur ses thèmes et ses rythmes, mais s'émancipe et s'envole rapidement vers des accents romantiques, s'accrochant toutefois à des harmonies bien classiques. Le second mouvement, lent, se balance sur un rythme ternaire. Sur un tapis de cordes, la flûte chante, s'entremêle avec le violoncelle, puis le piano. Calme et serein. Le finale débute par une marche enjouée, puis s'apaise et les trois instruments solistes jouent encore de concert avant la sage conclusion. De belle facture, la pièce reste cependant un peu terne, bien sage, et l'on cherche en vain une accroche séduisante, malgré des solistes irréprochables.


Cette fois l'orchestre est au complet pour les deux pièces de Théodore Dubois, avec Marc Coppey au violoncelle. Le court « Andante Cantabile pour violoncelle et orchestre » développe un chant large et ample, qui se mêle bientôt au violon, à la flûte dans une douce rêverie. Il est suivi par le « Fantaisie-Stück pour violoncelle et orchestre ». Après une entrée sur des batteries de cordes, le thème, d'abord agité se déploie largement sous des cordes frémissantes. Après une court développement il revient, accompagné de la harpe, puis soutenu par les altos, violoncelles et violons, il devient plus passionné. Marc Coppey, façonne une sonorité chaude et prenante. Il développe une cadence et soudain apparaît un thème sautillant, comme un galop. Le violoncelle mène la danse, prestissimo, jusqu'au finale, bien enlevé. Une pièce de belle facture où le violoncelle et l'orchestre peuvent s'exprimer avec contraste : véhémence, douceur et gaîté soulèvent l'enthousiasme du public. Marc Coppey revient donner un bis. Bach...


La troisième de Beethoven n'est plus une surprise, mais l'Héroïque est un monument que l'on détaille avec toujours autant de plaisir et d'admiration, même si les critiques d'alors la considèrent : « assommante, interminable et décousue »... Nonobstant l'absence d'un clarinettiste, dont le malaise est annoncé à la dernière minute, juste avant l'apparition du chef Jean-François Heisser, la troisième symphonie débute avec brio et énergie. Un souffle puissant se maintient tout au long de l'allegro con brio, étalant tout le faste d'un mi bémol majeur éclatant. La marche funèbre déploie son voile noir, l'orchestre traduit avec justesse et émotion la désolation macabre. A la reprise du thème, l'intensité de l'orchestre fléchit soudain et la puissance dramatique faiblit. Dommage. Le scherzo et sa course folle semblent redonner du tonus à l'orchestre, la joie revient. Le finale, allegro molto, est assez contrasté, alternant des passages où l'orchestre est absolument remarquable et d'autres où il semble soudain désuni. L'absence de l'un des deux clarinettistes a-t-elle déconcentré les musiciens ? En outre, le pianiste-chef Jean-François Heisser ne semble pas trouver la clé pour transcender l'enthousiasme et la dynamique de ce mouvement étonnant, mais il parvient, grâce à la magnificence des cuivres, à restituer la belle et brillante jubilation du finale.










Commentaires