L'Italienne à Alger, première en Avignon


Une première en Avignon ! Classé dans le top 3 des opéras de Rossini avec Le Barbier et La Cenerentola, l'opéra-comique L'Italienne à Alger (l'Italiana in Algeri) n'a pourtant jamais été représenté dans la cité des papes... Un contretemps qui sera réparé les 2 et 4 février à l'Opéra Grand Avignon.
L'Italienne à Alger, composé et créé en 1813 à Venise par un Rossini de 21 ans, a tous les parfums de l'air du temps qui, de « L'Enlèvement au Sérail » de Mozart à « Aïda » de Verdi, apporte sur un plateau doré un orient idéal, magnifié et savoureux. De quoi émoustiller l'imagination des compositeurs et des metteurs en scène. Surtout si l'argument, quoique simple, est le prétexte à des situations cocasses. Mustafa, le Bey d'Alger, qui se lasse de sa femme, rêve d'une belle italienne. Aubaine, Isabella qui recherche son bien-aimé Lindoro fait justement naufrage à Alger. La belle italienne, capturée, se retrouve chez Mustafa dont les geôles renferment... Lindoro. Elle tente de séduire le Bey, aux anges, pour mieux s'enfuir avec son bien aimé.
Le chef italien, Roberto Rizzi-Brignoli, : « retrouve avec plaisir le Chœur et l'Orchestre Régional Avignon-Provence ». Rossinien passionné, il admire : « le rythme parfait du texte, de la musique, du théâtre. C'est une œuvre géniale. Il y a en trame tout le fantasme oriental, le thème turc, très en vogue depuis la fin du XVIIème siècle dans toute la littérature, la peinture, et bien sûr la musique  » s'enthousiasme-t-il. Le metteur en scène Nicola Berloffa, après deux prestations avignonnaises (Le voyage à Reims et L'élixir d'Amour) retrouve avec joie « son » Italienne qu'il avait portée à la scène à Marseille en 2012 et à Vichy en 2013, : « Avec le décorateur, Rifail Ajdarpasic, nous avons créé un orient des années 30, bien à nous, une sorte de patchwork avec des structures orientales ou indiennes, et même des décorations inspirées de la salle de bains orientale du Tsar Nicolas II... ou domine un camaïeu de bleus, soutenu par les lumières de Luca Antolini. Un plateau tournant fera apparaître trois pièces successivement, c'est très cinématographique ». Cependant, Nicola Berloffa travaille avec une distribution différente : « C'est comme une nouvelle création. Il faut penser la mise en scène en fonction du spectacle, mais aussi des acteurs. Concilier leurs mouvements avec la difficulté du chant est essentiel ». Avec cette Italienne, on découvrira Sylvia Tro Santafe : Isabella, Clémence Tilquin : Elvira, Amaya Dominguez : Zulma, Donato di Stefano : Mustafa, Giulio Mastrototaro : Haly. Et on retrouvera Julien Dran : Lindoro (prise de rôle) et Armando Noguera : Taddeo.

L'Italiana in Algeri de Rossini. Opéra Grand Avignon le dimanche 2 février à 14h30 et le mardi 4 février à 20h30. Réservations 04 90 82 81 40. www.operagrandavignon.fr

Le spectacle sera précédé d'une causerie de Philippe Gut, au foyer de l'Opéra Grand Avignon, samedi 1er février 2014 à 17h. Thème : L'Italiana in Algeri. L'Empire ottoman et les musiciens européens. Entrée libre.


Sylvia Tro Santafe, mezzo-soprano lyrique colorature, Isabella (rôle titre)

Sylvia Tro Santafe est née à Valencia où elle a étudié au Conservatoire Joachin Rodrigo, sur les conseils de sa mère qui l'entendait chanter toute la journée à la maison, puis à la Juilliard School de New-York. Dès 92 elle débute sur les grandes scènes internationales « L'Italienne, c'est un rôle que j’ai chanté à Vienne, à La Scala de Milan, à Berlin, en Espagne à Madrid mais aussi à Dresde, et que j'aime beaucoup. Isabella est une femme déterminée et elle planifie tout ce qui va se passer. Elle domine tout l'opéra et les hommes sont comme ses pantins : Lindoro est amoureux mais ne décide rien, Taddeo est timoré, Mustapha influençable... En face d'eux Isabelle n'a peur de rien, grâce à sa beauté, sa personnalité elle obtient ce qu'elle veut. En même temps je dois jouer, être drôle, et chanter des vocalises acrobatiques ! ».

Donato di Stefano, basse buffo, le Bey d'Alger, Mustafa.
Après neuf ans de grégorien au noviciat d'une abbaye cistercienne, puis un détour par la radio nationale où sa voix faisait merveille dans la pub, Donato di Stefano a trouvé définitivement sa voie dans l'opéra. Après trois années de conservatoire, il se produit à 27 ans et remporte les cinq concours les plus importants d'Italie, en basse cantabile. C'est Adua Pavarotti (l'épouse de Luciano) qui le fait chanter en basse buffo. Ce type de voix, à la couleur particulière, qui se joue des aigus et des graves, est rare. Trois, tout au plus, actuellement : « J'ai pris le rôle de Mustafa il y a 18 ans, et je l'ai joué partout dans le monde. C'est un personnage très actuel qui veut tout, tout de suite, et qui est complètement parano. Mais il est le patron de son monde, seulement quand il est seul. Dès qu'Isabella entre, tout change, tout s'écroule et il devient ridicule. Il faut pour ce rôle être acteur et chanteur. Avec une particularité, le recitare-cantando (récité-chanté) dans lequel il faut jouer avec les syllabes, les mots et les expressions, dans un débit très rapide. La dynamique des paroles et celle de la musique doivent vivre ensemble ».

Nicola Berloffa, Metteur en scène
Né à Cuneo en Italie, il reçoit un choc lorsqu'il voit le ballet Roméo et Juliette à l'opéra de Turin à 14 ans, la beauté des décors l'impressionne : « Dès ce moment j'ai voulu faire du théâtre. Je travaille en équipe avec mon assistant Fabio Cherstich et mon décorateur Rifail Adjarpasic. Quand je commence à travailler avec eux, j'ai déjà le story-board dans ma tête. Je pense d'abord au public. L'Italienne, face au livret assez simple, nous avons trouvé avec la musique, une dramaturgie (suspens), pour étoffer l'histoire ».








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