Chorégies : Un génial Barbier de Séville, servi par une mise en scène incroyable et des artistes formidables




Le Barbier de Séville Orangeois, une première pour les Chorégies qui fera date !



Même pas en rêve ! mise en scène « stravagante », chanteurs « esuberante », orchestre « scintillante »… ont tourneboulé les yeux et les oreilles des chorégiens, soufflés et chamboulés par tant de bonheur musical et scénique. Pour la première fois à l’affiche du célébre festival, en 150 ans d’existence, le Barbier de Séville de Rossini a déboulé sur la scène du Théâtre Antique, renouvelant d’un coup la programmation et la mise en scène. On l’avait promise décoiffante. Elle fut ébourrifante. Malgré la température caniculaire et les gradins chauffants, c’est un vent frais, tourbillonnant de liberté créatrice qui a traversé le public.



Adriano Sinivia, échappe à toutes les conventions du genre pour mélanger avec inventivité et malice le monde de l’opéra et celui du cinéma ! Pas un espace de libre sur les 62 mètres d’ouverture. Au centre, les décors mobiles d’Enzo Orio modèlent les scènes, assemblant modules de cuisine se collant au salon ou au balcon. Tout autour, le plateau de cinéma, omniprésent, avec ses cadreurs, machinistes, figurants, projecteurs, câbles, cabines, voitures… Le monde de Cineccità est bien là, même avant le spectacle et pendant l’entracte !



Dès la célèbre ouverture, l’Orchestre National de Lyon, sous la baguette magique, décisive  et incisive du chef italien Giampaolo Bisanti, la musique du génial Rossini, aux accents dynamiques et irrésistibles, se révèle plus légère, plus scintillante et colorée que jamais. Dans les récitatifs, remarquables interventions de Mathieu Pordoy au forte-piano.



Clap de début ! Cinéma oblige, le générique d’ouverture est projeté en N&B sur le mur. En vrai, le Comte Almaviva fait irruption en Fiat 500, accompagné d’une bande de musiciens, costume de jet-setteur et lunettes de soleil. Du haut des échafaudages encadrant le plateau de cinéma, une religieuse savoure une banane tout en regardant la scène. Tout en haut à droite du mur, est projetée en temps réel une vue globale de toute la scène. Le ton est donné, les yeux roulent en tous sens et s’émerveillent.



L’aubade du Comte sous le balcon de Rosine donne à entendre le ténor Ioan Hotea qui remplace au pied levé Michael Spyres, souffrant. Le début de sa cavatine « Ecco, ridente in cielo » semble un peu rétrécie par l’émotion, devant un Théâtre Antique comble, puis elle s’épanouit à ravir, et se révèle magnifique dans la « Canzona ».



Survient Figaro. D’emblée le baryton Florian Sempey inonde les gradins de la plénitude de son timbre exceptionnel avec le fameux « Largo al factotum », confirme une aisance confondante, une justesse et une finesse de jeu, au fil des deux actes, dans son rôle fétiche.

La soprano Olga Peretyatko, chante Rosina à merveille. La cavatine « une voce poco fa », se déploie avec une agilité extraordinaire, une précision et un détaché impeccables dans les arpèges et les ornements, le tout avec une aisance qui laisse sans voix...




Bartolo, alias la basse Bruno de Simone, est juste extraordinaire, imbattable dans le débit rapide des paroles cher à Rossini. Basilio, le basse Alexei Tikhomirov fait vibrer le théâtre dans sa formidable « Calunnia », Fiorello, campé par le baryton Gabriele Ribis, bien à sa place dans ses multiples rôles, Ambrigio permet Enzo Orio de montrer ses talents d’acteur et enfin Annunziata Veltri, comique à souhait dans le rôle de Berta.



On ne saurait être dans le temple du cinéma italien sans références cinématographiques. Elles ont nombreuses, mais chacun aura reconnu dans l’arrivée de Figaro et du Comte en Vespa, un clin d’œil à Vacances Romaines, tourné à Cineccità...







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