Plein les yeux !
plein les oreilles ! le programme (trop ?) copieux de cette 13ème édition de
Musiques en fête a enchanté le public. Dynamisée par les 380 jeunes de Pop the
Opera dans les gradins et la pléiade d’artistes au casting largement renouvelé,
la soirée a enchaîné durant presque trois heures les plus beaux airs lyriques,
comédies musicales, pages orchestrales, chorales et chorégraphies colorées.
Depuis 2011, la
magie opère à chaque fois. Le théâtre antique, glissant de la lumière vespérale
vers les mystères de la nuit étoilée, se révèle plus que jamais temple des
voix. Et sous les applaudissements nourris et les cris des plus jeunes,
survoltés par le chauffeur de salle, le show retransmis en direct sur France 3,
débute par la traditionnelle et bondissante ouverture de Carmen. L’Orchestre
National de Montpellier, toute la soirée, jonglera entre les différents styles,
passant de la comédie musicale à l’opéra jusqu’à la musique de films, avec
bonheur. Le public retrouve avec plaisir les animateurs enthousiastes et
passionnés, Judith Chaine et Cyril Féraud.
Dans la foulée, la
joyeuse farandole de Mireille de Gounod par le groupe folklorique arlésien,
Etoile de l’avenir, mêle élégance et gaieté. Sans transition, le septuor de
l’Italienne à Alger de Rossini soutient le rythme. Mariage subtil des voix des
sopranos Mariam Battistelli et Aurélie Jarjaye, de la mezzo-soprano Marina
Viotti, du ténor Julien Henric, du baryton Florian Sempey, des basses Nahuel Di
Pierro et Adrien Mathonat, dialoguant avec les superbes choeurs de Parme et de
Monte Carlo. Le ténor Diego Godoy ne fait pas retomber la tension et recueille
des vivats vibrants pour son extrait du Trouvère de Verdi. Après La Bohème
Puccini, et les fulgurances de Mariam Battistelli, les jeunes Pop the opéra
nous emmènent dans le monde enchanté de Disney avec un medley que chacun
fredonne. La mezzo-soprano russe Anna Goryachova, vocalise à merveille dans le
Rinaldo de Haendel, juste avant l’entrée du grand violoniste Maxim Vengerov.
Avec lui, le dernier mouvement du concerto de Brahms, dans un tempo soutenu,
aux coups d'archet vigoureux, retrouve un parfum tzigane savoureux. Les
couleurs, les sauts, les rondes vives et joyeuses de la troupe de danse
traditionnelle ukrainienne tranchent avec les images de tranchées guerrières de
la triste actualité. Une vitalité admirable, cadeau de l’association Les joyeux petits souliers qui prend en
charge des réfugiés ukrainiens.
Puis viennent les
séries Rossini, Verdi, Bellini servis avec talent par les précités et les sopranos
Sandra Hamaoui, Emy Gazeilles, Catherine Hunold. Carmen le seul opéra de
l’édition 2023 des Chorégies (le 8 juillet avec Marie-Nicole Lemieux et
Jean-François Borras) était à l’honneur
avec quatre extraits. Sont apparus, passionnés, le ténor Kaëlig Boché, la mezzo
Marina Viotti et le baryton Jérôme Boutillier. Dans ces Carmen, Chloé Dufresne
était à la baguette. Pour la première fois une cheffe d’orchestre complétait le
duo de chefs, habituels : Luciano Acocella, chef ”historique” et Didier Benetti,
le chef en blanc, génial spécialiste des arrangements musicaux pour opérettes
et comédies musicales. Comme dans le délicieux My heart belongs to daddy de Cole Porter, chanté avec sensualité par
Isabelle Georges, le magnifique Memory de Lloyd-Webber avec Aurélie Jarjaye et
la maîtrise de l’Opéra d’Avignon, le Paris brûle-t-il ? de Maurice Jarre où
l’on se régale de la trompette diserte de Lucienne Renaudin-Vary et de
l’accordéon de Félicien Brut, comme aussi dans l’émouvant Mission d’Ennio
Morricone et son sublime thème au hautbois, accompagné superbement par les
chœurs. Coup de coeur pour l’éblouissante Sara Blanch Freixes et sa folle
interprétation du Glitter and be gay de Bernstein, feu d’artifice vocal
pétillant. Enfin, le Sirba Octet nous entraîne en Moldavie, au son du cymbalum,
de la clarinette volubile et des violons endiablés.
Ce marathon
musical, concocté par Alain Duault, Pascale Dopouridis et Emilie Bontemps
pourrait, sans dommage aucun, être allégé par-ci, par là, de quelques numéros.
Après l’Enlèvement au sérail de Mozart où la basse profonde d’Adrien Mathonat
résonne joyeusement, le chœur final des Maîtres Chanteurs de Wagner clôt en
majesté Musiques en fête 2023. Enfin, pas tout à fait, sous les paillettes le
traditionnel célèbre Libiamo de la Traviata met un point final joyeux avec tous
les chanteurs réunis ! Vivement 2024 !
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