Ciné-Concert des Chorégies : Le mécano de The General, merveille d'inventivité, de subtilité, de technicité au service du burlesque distingué !
Merveille
d’inventivité, de subtilité, de technicité, au service du burlesque distingué,
The General de Buster Keaton a secoué de rire et laissé pantois d’admiration
les spectateurs de tous âges, fidèles au rendez-vous des ciné-concerts des
Chorégies. “ La guerre de Sécession
(1861) a cessé, ça c'est sûr ! “, comme disaient les deux comiques Roger
Pierre et Jean-Marc Thibaud, mais le Mécano de “The General” nous y replonge,
avec délices. À seulement 31 ans, au sommet de son art, Buster Keaton (qui
campe un Johnnie Gray amoureux de sa loco The General) livre un film bourré de
gags fins, aux ressorts irrésistibles. La course poursuite entre sa locomotive
du parti des Confédérés (sud) et celle de l'Union (nord), où se trouve sa
dulcinée (Annabelle Lee), provoque inévitablement des gags à répétition.
Enlèvement des rails, des traverses qui bloquent, poursuite en draisine,
sabotage des aiguillages, décrochage de wagons, train qui part tout seul, canon
fantasque, se déroulent dans une succession haletante de scènes acrobatiques et
hilarantes. Mais aussi émaillé de comiques de situation : scènes du
recrutement, planqué sous la table avec les bottes des officiers nordistes sous
le nez ou évasion d’Annabelle. Rires garantis. La chance de suivre ce monument
du cinéma muet aux Chorégies, c’est la bande son en live ! L’Orchestre national
Avignon Provence est là, sous l'écran, et c’est magique. La musique (1987)
merveilleusement descriptive de Carl Davis, ponctue l’action, augmente le
suspense, dans une synchronisation parfaite avec les images. La cheffe Debora
Waldman, un œil sur la partition, l’autre sur l’écran de contrôle, maîtrise
magistralement l’ensemble. Les musiciens jouent le jeu, engagés à fond,
ponctuant avec une précision confondante les explosions, coups de feu ou chutes
avec leur nombreuses percussions. Un régal qui s’arrête brusquement au bout
d’une heure. Quelques gouttes d’une timide averse oblige les musiciens à ranger
leurs précieux instruments. Le directeur des Chorégies, Jean-Louis Grinda,
demande cinq minutes de pause, pour voir la météo. Les musiciens reviennent
après quinze minutes, et tout repart miraculeusement, film et musique
synchronisés. Chapeau. Juste le temps de voir la scène la plus spectaculaire et
coûteuse du cinéma muet : le crash du train de l’Union et sa loco “ Texas “,
(filmé une seule fois par six caméras), dans une rivière de l’Oregon. Suivi par
le second clash de la soirée, une averse aux larges gouttes, drues cette fois,
stoppe définitivement le spectacle, à quelques secondes de l’apothéose finale.
Le spectacle vivant, c’est génial.
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