Festival Liszt en Provence : Jan Hugo Intégrale sensible, intérieure et apaisée des Harmonies poétiques et Religieuses de Franz Liszt

 


Imperturbable, sur le perron retrouvé du château St Estève, le pianiste Jan Hugo a livré une version sensible, intérieure et apaisée des Harmonies poétiques et religieuses de Franz Liszt. Seule au programme, cette œuvre de 90 minutes est composée un recueil de dix pièces, publiées en 1853, mais dont l’écriture s’échelonne sur les dix années antérieures, Elle offre des thèmes  contrastés, dont cinq sont inspirées directement des vers d’Alphonse de Lamartine. Jan Hugo semble avoir choisi de rester dans la demi-teinte, osant parfois le clair-obscur, mais ne cédant jamais à la passion débordante, aux effets de manche ou la fureur de la révolte. Il n’a pas souhaité nous faire frémir dans Funérailles où l’on découvre parfois des basses obstinées qui roulent dans une violence sans entraves. Jan Hugo préfère les traduire avec profondeur  : “ les cœurs brisés par la douleur, refoulés par le monde, qui se réfugient dans le monde de leurs pensées dans la solitude de leur âme, pour pleurer, pour attendre ou pour adorer “ comme l’écrivait Liszt en préface de ce recueil. Il y est parvenu dans le sommet de ces Harmonies poétiques et religieuses, donnant à Bénédiction de Dieu dans la solitude une lecture à la fois désolée et passionnée, puis rayonnante de joie intérieure. Autre climax avec Pensée des morts où l’artiste s’engage, là encore, dans un travail d'introspection et de traducteur du désespoir. Mais ces Harmonies Lisztiennes et Lamartiniennes ont réservé néanmoins quelques moments plus extravertis avec Cantique d’amour où la passion de la chair affleure, et dans Invocation, au ton impératif et impétueux, mais où l’esprit finit par triompher. Un peu à l’image du compositeur dont la vie sentimentale tumultueuse finit par se diluer lorsqu'il rejoint le tiers-ordre franciscain en 1857, reçoit la tonsure et les ordres mineurs, en 1865, devenant ainsi frère Franz Liszt.



Commentaires