La 7ème symphonie de leur compatriote Valentin Sylvestrov, longue plage extatique, entrecoupée de sursauts, aux parfums d'un Mahler délivré de ses angoisses, en a dérouté plus d'un. Mais pas autant que Tikhon Khrennikov, gardien des positions dogmatiques de l’Union des Compositeurs soviétiques, héritées de l’ère stalinienne, qui l'interdit de publication dans les années 60. Aujourd'hui à 85 ans, le compositeur de renommée mondiale, devant les horreurs de la guerre, a été obligé de fuir l'Ukraine et se réfugier à Berlin. Jouer avec foi et maîtrise sa 7ème symphonie, quel bel hommage de ces jeunes musiciens ukrainiens à ce combattant de la liberté qui, comme Chostakovitch, aura été victime du délire d'une censure omniprésente.
La pianiste ukrainienne, Anna Fedorova, se démarque des poncifs habituels dans son interprétation du 2ème concerto pour piano et orchestre de Chopin. Son piano chante, s'éloigne de la virtuosité gratuite, fuit les effets superflus, adoucit les aigus, fluidifie les gruppettos. Moment magique, le larghetto, lyrique à l'extrême sous les battements des violons, fait chavirer les cœurs.
Le public vibre à nouveau avec la soprano Ukrainienne Liudmyla Monastyrska, admirable dans un court extrait de l'opéra Fidelio de Beethoven, hymne à l'amour et à la liberté.
Enfin, l'incomparable beauté de la 4ème Symphonie de Brahms, sous la direction incisive et enthousiaste de la cheffe Keri-Lynn Wilson, dans des tempis très allants, agite l'opulence de l'orchestre, réveille ses cuivres flamboyants, aère ses cordes fiévreuses et passionnées.
Le public a reçu ce concert comme un cadeau, avec émotion, mais aussi avec la joie des moments partagés. Les larmes ont envahi leurs yeux, quand debout avec l'orchestre, ils ont entendu une version orchestrale, douce et touchante, de l'hymne national Ukrainien. Le mur du théâtre antique, bleu et jaune, a pleuré avec nous.
A noter. Le concert sera diffusé sur France Musique, lundi 15 août à 20 h. Il est maintenant disponible en podcast.
Commentaires