La curiosité des
mélomanes venus découvrir le duo inattendu et rare, mariant les sonorités de
l’accordéon à celles de l’orgue, n’a pas été déçue et leur enthousiasme est
allé croissant tout au long du judicieux programme, concocté par l’organiste
Emmanuel Cucalsi et l’accordéoniste Didier Lévêque. L’association pour le
patrimoine et l’orgue d’Orange (Aproor), et notamment son président J.B Diéval
et son vice-président Ludovic de Piolenc, n’avaient pas mégoté sur les moyens
techniques. Elle a enregistré le concert et, pour la première fois, a utilisé
une image en incrustation permettant de voir jouer, sur le grand écran placé
dans le chœur, les deux musiciens ensemble. Tout était donc parfait pour voir
et entendre ce duo très attendu. L’alchimie sonore a séduit d’emblée, dès la
pièce d'ouverture d’André Astier et a vite atteint des sommets de délicatesse
avec le fameux andante de la sérénade “
une petite musique de nuit ” de Mozart et un extrait de sa messe en
fa. L'orgue seul a permis à Emmanuel
Cucalsi de montrer son aisance dans le véloce grand prélude de Buxtehude, le
mystérieux intermezzo de Jehan Alain et de faire goûter le très beau jeu de
cornet dans le choral de Georg Böhm. A son tour l’accordéoniste a fait entendre
le grave de son instrument et son jeu de la main gauche dans le prélude de la
suite N°1 de Bach, initialement écrite pour le violoncelle. Mais les têtes et
pieds des auditeurs se sont soudain mis à battre la mesure dès lors que les
deux brillants interprètes ont abordé Libertango de Piazzola et Tango pour
Claude de Galliano, ils sont redoublé de vivacité emmenés par l'irrésistible
marche hongroise de Berlioz et la pétaradante ouverture de la Cavalerie légère
de Franz von Suppé. Bis réclamé et obtenu avec le retour d’Oblivion d’Astor
Piazzola, dans le calme et la sérénité.
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