Chorégies : Beau succès de Khatia Buniatishvili et de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dans le 1er concerto pour piano de Tchaïkovski

 


Une fâcheuse et copieuse averse orageuse de dernière minute a bien failli compromettre le second rendez-vous des Chorégies avec la pianiste star Khatia Buniatishvili. Celui de l’an dernier avait déjà été annulé, alors dans la foule qui s’était réfugiée à l’abri, c’était la soupe à la grimace : “ j’avais déjà mes billets pour son récital ici même l’année passée, pourvu qu’elle joue ce soir ! “. La pluie cesse, ouf. Le directeur des Chorégies, Jean-Louis Grinda remercie les quelque deux mille mélomanes pour leur patience et annonce que la soirée ne comprendra pas d’entracte : “ pour mettre toutes les chances de notre côté et conjurer la venue d’une nouvelle averse “. Alors, un ballet de raclettes remet vite la scène à sec, sauf les gradins détrempés, les chorégiens n’ont d’autre choix que de rester avec leur fondement bien humide. Qu’importe, Khatia apparaît, souriante dans une longue robe fourreau sombre. La pianiste inspecte son instrument et détecte des gouttes de pluie sur les pédales. Cela risque de déraper. Le chef vient à son secours en lui tendant un mouchoir en papier. Sourires de la foule…

Kirill Karabits abat sa baguette, les cors de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo débutent avec énergie l'éclatante introduction, vite rejoints par tout l’orchestre, rythmé par les fameux accords grandioses du 1er concerto pour piano de Tchaïkovski. Le son est plein, le tempo soutenu, bientôt le piano va s’échapper et faire déferler ses octaves chromatiques parallèles haletantes dans une virtuosité maîtrisée. Les forte ne sont jamais durs, la souplesse féline, le jeu caressant, précis et flexible de la pianiste franco-géorgienne donne de la perspective aux plans sonores, ouvre de nouveaux horizons tout en contrastes. Son toucher de velours est saisissant dans le second mouvement, la soliste sait s’effacer, laisser la flûte s’épanouir, accompagnant pianissimo. Du grand art, de la connivence entre artistes pour un discours musical toujours plus lisible. Le final, léger et bondissant, toujours avec un relief unique, emmène les chorégiens dans un tourbillon rythmique qui emporte l’adhésion de tous. Les ovations debout répétées sont fructueuses, deux bis sont dégustés goulûment par les chorégiens, notamment La Javanaise de Gainsbourg fredonnée par le public dont les oreilles et les yeux sont ravis.



Pour terminer la soirée, la suite orchestrale du ballet, le Lac des Cygnes a failli tourner court à cause d’un pipi de chat tombé du ciel, trois numéros avant la fin. Fausse alerte. L’excellent Philharmonique de Monte-Carlo, reprend de plus belle et brille de mille feux, fait fondre le public au son cristallin de la harpe, du violon, du violoncelle, des clarinettes, des cuivres et autres percussions en délire. Tous apprécient sans mesure le chef Kirill Carabits, monté sur ressorts, diriger de tout son corps dansant, valses, pas de deux, mazurkas, marches hongroises, espagnoles et napolitaines et mener, dans un mega crescendo, la rutilante apothéose finale. 




 

 

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