Chorégies Ciné-concert : La ruée vers l'or de Chaplin et l'Orchestre national Avignon Provence bluffent petits et grands !

 


Réjouissant ! Presque cent ans après sa sortie, en juin 1925, les ressorts comiques et dramatiques de la Ruée vers l'or, film muet du génial Charlie Chaplin, restent intacts, touchant avec la même évidence et bonheur toutes les générations. Et le public familial en redemande, le muet fait parler et la musique live plaît. Au fil des éditions, le Ciné-Concert accueille de nouveaux fans, attendant vivement le retour de Charlot sur le grand mur.



 Dès les premières images, les quelque deux mille chorégiens éclatent de rire à son apparition, pantalon trop long, trop large, costume trop court, canne virevoltante et chapeau melon vissé sur le chef, alors qu’il chemine tranquillement de sa démarche inimitable, silhouette éternelle, frêle sur un sol enneigé au bord d'un précipice… C’est que nous sommes en Alaska, au confluent du Klondike et du Yukon, lors de la ruée vers l’or en 1896, il gèle et la tempête fait rage. Du froid et de la faim, vécus par un improbable trio, Chaplin les change en rires, ou émeut dans sa quête d’amour, oasis vers un futur meilleur, alors que tout vacille.



Charlot perdu dans la tempête, atterrit dans la misérable cabane du bandit Black Larsen,  occasion d'irrésistibles glissades sur un sol gelé, mais bientôt la faim tenaille, le godillot (en réglisse) de Charlot sera partagé, preuve d’humanité dans la plus terrible des épreuves, et même les lacets seront dégustés avec des mimiques chaplinesques de contentement,  comme s’il s'agissait de délicieux spaghettis… Après une danse des petits pains d'anthologie, l’amour entrera dans sa vie, malgré les humiliations des riches. Le pauvre clochard, en aidant à retrouver le filon de Big Jim, trouve enfin la fortune. Le rêve américain dans toute sa splendeur …


Mais ce qui fait toute l’originalité du Ciné-concert des Chorégies, c’est la présence sur scène de l’Orchestre national Avignon-Provence. Il est à la manœuvre, parfaitement à son aise sous la baguette souple et précise de Débora Waldman, rendant plus vivants encore les scènes de The Kid, Les lumières de la ville ou chez Buster Keaton, le Mécano de The General vues aux précédents Ciné-Concerts…


Chance que Chaplin ait composé la musique de ses films depuis 1931, et c’est en 1942 que La Ruée vers l’or reçoit la sienne : " Depuis l'âge de seize ans je m'exerçais au violon de quatre à six heures par jour. Chaque semaine je prenais des leçons avec le chef d'orchestre du théâtre. J'avais de grande ambitions de devenir artiste de concert " racontait Chaplin dans ses mémoires. 

 



Si cela n’est pas arrivé, ses musiques, reconnaissables entre mille, sont immortelles. Ses thèmes, d’une grande originalité, touchent immédiatement le public. Sa musique épouse l’action et la transcende, les cuivres entrent en scène pour les moments solennels, les mouvements perpétuels des violons augmentent l’angoisse, les valses, agrémentés de piano ou d’accordéon participent à la détente et la joie, le tout ponctué malicieusement par les percussions. Un cocktail gagnant, Chaplin à tous les étages, c’est irrésistible  !

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