Chorégies : Le violoncelliste Edgar Moreau joue l'intégrale des Suites de Bach. Ô temps suspends ton vol...

 

Ô temps suspends ton vol… Ce vœu poétique semblait dans toutes les têtes du millier de Chorégiens fascinés par le jeu inspiré du prince du violoncelle, Edgar Moreau, jeudi soir au Théâtre antique. Pour la première fois sans partition dans cette intégrale, l’artiste aux innombrables prix a tracé deux heures et demie durant un fulgurant sillon lumineux. Edgar Moreau transfigurait ainsi, par son jeu souple et naturel, les six Suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach, emportant l'adhésion admirative de tous.

Il en faut du souffle pour tenir en haleine tout un public, fut-il passionné, avec seulement quatre cordes et un archet, même sous le regard bienveillant du génial Cantor de Leipzig. Mais heureusement le violoncelle d’Edgar Moreau chante, chante, chante comme personne. Chaque question a sa réponse, douce et épanouie, met en évidence le discours, éclaire le chemin parmi les entrelacs de l’écriture, bondit élégamment dans les rythmes joyeux et légers. Ainsi sculptées, des impressions de sérénité et de plénitude se dégagent de ces Suites aux caractères contrastés, suscitant une lisibilité accessible, ouvrant des dialogues intérieurs. Les sons soyeux, veloutés, somptueux du violoncelle mitonné en 1711 par le luthier allemand David Tecchler magnifient encore le discours, toujours  posé, juste et vivace au fil des divers mouvements typiques de ces suites : prélude, allemande, courante, sarabande, gavotte, menuet ou gigue.



La scénographie simple, dans des basses lumières violines, bleues ou rouges a permis d’apprécier les subtilités de l’acoustique merveilleuse du Théâtre antique. En effet, après chaque Suite, le violoncelliste reculait d’un pas vers le fond de la scène et pour la dernière Suite, Edgar Moreau terminait son marathon musical et sportif, au pied du public. Une diversité acoustique étonnante et merveilleuse.



Entre chaque Suite, tel un tennisman après un set âprement disputé, le violoncelliste allait se rafraîchir et dégourdir son bras et sa main gauche, sans quitter la scène, dans une lumière tamisée où seule sa silhouette se découpait sur les pierres colorées par Vincent Cussey.

Magique soirée sous le ciel étoilé. Nous avons pu ensemble : “ savourer les délices des plus beaux de nos jours “.



 

 

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