Chorégies 2025 : Retour à deux opéras (Verdi) Requiem de Mozart et une rareté : Le Liverpool Oratorio de Paul Mc Cartney

Le plus vieux festival de France, bizarrement le moins doté en subventions, se cherche un nouveau souffle après des années de galère financière. Après avoir changé de statut, passant de SPL (société publique locale) à EPCC (Etablissement public de coopération culturelle) les Chorégies espèrent en l'avenir en permettant une plus large participation de l'Etat. Déjà un mieux, cette nouvelle saison, la programmation est complète. 

Le plus visible, c'est le retour à deux opéras. Des valeurs sûres : Le Trouvère et La force du destin de Giuseppe Verdi, mais toujours dans des versions de concert, en attendant des jours meilleurs.

La musique de chambre, expérimentée avec succès l'an dernier avec les six suites pour violoncelle seul de Bach par Edgar Moreau a encouragé le directeur Jean-Louis Grinda à donner un nouvel opus. Ce sera un duo violon piano avec Renaud Capuçon et Guillaume Bellom dans Beethoven, Brahms et Strauss.

Même expérience réussie avec les variétés chic, avec apport d'un orchestre symphonique. Des spectacles qui font le plein du Théâtre antique comme l'an dernier avec Mika symphonique.  Les Chorégies remettent le couvert cette année avec Bernard Lavilliers dans un show baptisé Lavilliers symphonique. 

La danse, devenue incontournable dans la programmation sera bien présente avec le Ballet Preljocaj dans Le lac des Cygnes de Tchaïkovski. 

Les jeunes artistes seront également de la fête avec deux scènes émergentes. Bien implanté également, le ciné-concert revient pour la joie des enfants et des parents, avec Fantasia de Disney. 

Le public attaché au concert symphonique sera comblé avec le concerto pour harpe de Reinhold Glière (1875 Kiev- 1956 Moscou) et la symphonie fantastique de Berlioz. Retour également d'une grande œuvre avec le Requiem de Mozart qui sera précédé de son célèbre concerto pour clarinette. 

Surprise, le superbe Liverpool Oratorio, la grande fresque vocale composée par Paul McCartney, clôturera le festival orangeois.

Pochette de l'enregistrement public de la création à la cathédrale de Liverpool en 1991

Interview de Paul Mc McCartney et Carl Davis à propos de cet oratorio de Liverpool

Introduction de Paul McCartney (1991)

Mon point de vue personnel sur toute cette affaire a été d'avoir essayé d'apprendre la notation musicale à des intervalles précis de ma vie, mais de ne jamais l'avoir fait jusqu'au bout. A un moment donné, les notes sur la page ne correspondaient plus à ce que j'entendais, alors j'ai fini par composer la musique et quelqu'un d'autre l'a écrite.

Depuis que j'ai embarqué dans la caravane musicale à l'adolescence, à la fin des années 50, mon parcours a été, pour le moins, intéressant. Les différents styles musicaux, toujours émergents, ne semblent pas durer, mais plutôt un sentiment général de “ bonne musique “ Beatles, Beethoven, Beach Boys, Bach, Hendrix, Haendel, Tchaikovski, The Who, la liste est infinie et tous ont quelque chose en commun.

Plus loin, sur cette longue route musicale, je suis ravi que le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, avec Carl Davis, m’ait demandé d'écrire quelque chose pour leurs célébrations. C'est une excuse parfaite pour que je développe mes précédentes incursions dans les mondes orchestral et choral en une œuvre à part entière.  

La création de l’Oratorio à Liverpool (1991)

La Royal Liverpool Philharmonic Society réfléchissait à la meilleure façon de célébrer son 150ème anniversaire… peut-être a-t-on demandé à Carl Davis, que Paul McCartney pourrait être intéressé. 

Paul a été officiellement chargé de composer une œuvre et, il y a deux ans, lui et Carl se sont assis pour la première de centaines d'heures passées chez eux à écrire, à composer et à réécrire.

L'oratorio de Liverpool raconte, en partie, l'histoire de la vie de Paul à Liverpool : sa naissance dans la ville pendant la guerre, ses années d'école, ses parents et sa rencontre avec sa femme Linda. 

Bien que Paul ait écrit quelque 400 chansons enregistrées, il n'a reçu aucune formation musicale. Carl en revanche a été éduqué selon le mode classique : « je préfère considérer mon approche de la musique comme primitive » dit Paul : « plutôt comme des artistes rupestres primitifs, qui dessinaient sans formation “. 

J'espère que la combinaison de la formation classique de Carl et de mon primitivisme donnera lieu à une belle œuvre musicale. Cela a toujours été mon intention.

Carl Davis (1936-2023) était un chef d’orchestre et compositeur américain. Il a résidé, de 1961 à sa mort, au Royaume Uni. Il a notamment dirigé le London Philharmonic Orchestra et le Royal Philharmonic Liverpool Orchestra.

Photographie de Paul et Carl par Linda McCartney.  

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