Le retour attendu
d’un grand Verdi aux Chorégies a comblé les lyricomanes, au rendez-vous
dimanche soir pour savourer la distribution exceptionnelle d’Il Trovatore. En
l’absence de mise en scène, cette version de concert a toutefois réservé une
belle surprise de mise en espace et en lumières, digne d’une version dépouillée
avant-gardiste, avec même quelques costumes. Le thermomètre ayant quitté la
fièvre des derniers jours, la soirée s’est présentée sous les meilleurs
auspices.
Le prologue donne
le ton, la basse russe Grigory Shkarupa (Ferrando) s'impose, d’une voix
profonde et bien projetée, contextualisant cette histoire de vengeance
abracadabrantesque. Dès la cavatine du premier acte, jusqu’à la sublime
cavatine du dernier acte “ d’amor
sull’ali rosee “ la voix filée, aérienne et pure, d’Anna Netrebko (Léonora)
soulève l'enthousiasme, l’admiration et une ovation sans fin. Les facultés
dramatiques, tant vocales que scéniques, de la contralto canadienne
Marie-Nicole Lemieux conquièrent l’auditoire, dans son duo avec Manrico “Venge moi” et lors de Stride la vampa,
récit projet de sa vengeance. Le ténor azerbaïdjanais Yusif Eyvazov (Manrico)
soulève des tonnerres d’applaudissements dans son vaillant appel aux armes, la
cabalette di quella pira aux aigus
impressionnants. Le baryton russe
(Comte de Luna) chante merveilleusement son amour pour Léonora dans la romance
Tacea la notte. Tous appréciés et admirés dans de nombreux duos et solos
dramatiques ou amoureux qui parsèment l'œuvre. Courts mais néanmoins intenses
et remarquables, les chant de Claire de Monteil (Inès), de Vincenzo Di Nocera
(Ruiz, un messager) et Stefano Arnaudo (un vieux Gitan).
Les chœurs des
Chorégies et de l’Opéra Grand Avignon, grandioses dans le chœur des gitans,
séraphiques au couvent, ont assuré une présence sans faille. L’orchestre
Philharmonique de Marseille, qui avait déjà brillé la veille dans la symphonie
fantastique de Berlioz, a rutilé de tous ses pupitres, répondant avec une
précision remarquable à la baguette du chef italien Jader Bignamini. Ce
dernier, dans une minutie de tous les instants pour les chanteurs, mimant même
les paroles, soutenant chœurs et musiciens de sa battue nerveuse, a donné un
souffle vivifiant à cette œuvre de 1853.
Cependant, si les
aficionados des divas Netrebko et Lemieux étaient bien au rendez-vous, la
billetterie comptait seulement 4000 spectateurs, sur une jauge maximale de 7500
places, suite aux travaux d’aménagement et de sécurisation des gradins. Un
chiffre qui inquiète alors que cet opéra populaire, pilier du répertoire qui
figure au 23ème rang des opéras les plus représentés au monde, affichait une
distribution prestigieuse.
Prochain spectacle
des Chorégies : Concert violon piano avec Renaud Capuçon et Guillaume Bellom,
mercredi 9 juillet 21h30 : Beethoven, Brahms et Strauss (Richard).
Rél : 04 90 34 24 24 ou choregies.fr
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