Choralies 2025 : Sextuor Shades : l'art du swing et du scat et Les Mécanos, chœur masculin vibrant !


Depuis 72 ans déjà les Choralies enchantent Vaison-la-Romaine tous les trois ans. Dans la ville, sacrée cité chorale européenne,  le souffle des chants a présidé à l’ouverture du festival le 30 juillet, et aussi ce 31 juillet au soir avec le concert des groupes Shades et Les mécanos, le premier nous faisant traverser l’atlantique pour un Harlem tout de swing, le second tourné vers les traditions populaires et ouvrières du bassin de Clermont-Ferrand. 



Mais avant de s’embarquer au loin, dans les gradins du théâtre antique, alors que le soir descend doucement, le chant commun s'installe pour une trentaine de minutes. Cette tradition, marqueur des Choralies, instaurée dès 1953 par César Geoffray, est un moment unique. Si la pratique du chant commun du mouvement choral A Cœur Joie est un facteur d’unité et d’appartenance, elle est vraiment la base de l’objectif principal : chanter ensemble. Au fur et à mesure des années, ce programme commun a évolué. Le carnet que chaque choriste possède aujourd’hui reflète des musiques encore plus diverses, mais a conservé néanmoins quelques chants d’origine du mouvement, comme ce magnifique : Mon cœur se recommande à vous. Emotion quand monte la mélodie harmonisée, chantée a capella par des milliers de choristes venus parfois de loin : Chine, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Espagne et France, notamment… Un vrai bonheur qui se perpétue et se transmet aux jeunes générations. D'après une choriste, 50% des jeunes sont à Vaison pour la première fois. L’avenir est présent.




A 21h, le groupe Shades entre joyeusement en scène. Le chanteur et les trois chanteuses sont accompagnés par deux musiciens. Le guitariste Antoine Laudière (qui a aussi réalisé les arrangements), joue avec le clarinettiste Corentin Giniaux. Mais c’est une clarinette basse ! Instrument que l’on voit peu, qui séduit et étonne par une grande douceur. Omniprésent, le clarinettiste joue aussi bien le rôle de la basse, mais ose aussi des solos dans la tessiture aiguë de son étonnante clarinette.  Le répertoire résolument swing, allant de Gershwin à Stevie Wonder, passant par Cole Porter, met l’auditoire en émoi. Notamment par les acrobaties vocales des trois sopranos, scattant à qui mieux mieux dans des impros haletantes. A chaque retour au thème après les brillantes impros d’Elora Antolin, la foule applaudit. Ambiance chaude, agréable, et pause nostalgique avec La tendresse d’Hubert Giraud (chantée par Pablo Campos des Shades et, en leur temps, par Bourvil et Marie Laforêt) 



Le chant commun revient quelques minutes, le temps de préparer les micros pour accueillir Les Mécanos.  Dix chanteurs en bleu de travail débarquent dans le vacarme des tambours. Le ton est donné. La joie et l'insouciance des Shades fait place au chœur militant qui raconte la dure réalité des luttes sociales du bassin ouvrier stéphanois.



La musique populaire, souvent inspirée de la culture occitane, est superbe. Le très beau chœur masculin des Mécanos est accompagné de percussions originales, puisées dans l’arsenal d’un garagiste. La tonalité d’ensemble, accentuée par le récit chanté du drame de 1869 à Ricamarie, près de St-Etienne, où l’armée tira sur la population et tua 14 civils et grévistes, est souvent poignante :
“Ils ont tué des innocents, ils ont tué des ouvriers“ martèle, implacable, le refrain. Un peu de décontraction viendra dans le bis, un chant Québécois.





Les Choralies continuent avec leurs codes, leurs rencontres, les ateliers où l’on creuse le répertoire, et même si l’on chante moins spontanément dans les rues et sur la place Montfort, l’esprit A Coeur joie est là, transformé, mais toujours bien vivant.

Francis Pabst

Choralies 2025









Commentaires