Au Festival Liszt en Provence, la pianiste Martina Filjak

Une chance pour les mélomanes de Liszt en Provence, vendredi soir, la pianiste croate Martina Filjak faisait halte au Château St Estève à Uchaux. L'artiste, au talent rare, s'est encore peu produite dans l'hexagone et pour beaucoup, ce fut une découverte, et une révélation. Le programme, fort contrasté, alternait entre 18ème et 19ème. Pour celles du 18ème, le Fazioli 308, fameux super-piano de concert, a apporté une touche originale à la sonate K333 de Mozart, lequel jouait sur des pianos dont la sonorité ressemblait encore fortement au clavecin... Touche encore plus étonnante avec les guillerettes sonates du Padre Soler, conçues par un claveciniste-organiste, pour... le clavecin. Dans ces deux œuvres Martina Filjak sait éviter les pièges de l'imitation et y accroche une fraîche couleur pastel. Son Mozart coule de source. Pas évident pourtant de recréer la fluidité naturelle de l'écriture mozartienne... Son Soler, est gorgé de soleil, sautillant et résolument optimiste. Et son prélude et fugue en la mineur de Bach, transcrit de l'orgue par Liszt, serein et lumineux. Liszt ne surcharge pas. Étonnante, cette réussite Bach, Liszt, Filjak qui transforment un la mineur, supposé dramatique, en un discours parfaitement allègre et joyeux. Puis avec Schumann la pianiste renoue avec le romantisme le plus pur, mais toutefois raisonnablement passionné. Enfin, Liszt et Filjak vinrent... avec la ballade en si mineur. Ensemble, ils baladent l'auditoire dans des univers de poésie, traversés de chevauchées épiques, sous un ciel étoilé. Les mains de la pianistes jouent les félins. Le 308 exulte. Le public aussi. Deux bis : prélude pour la main gauche de Scriabine et Intermezzo de Schumann. Liszt en Provence est bien le festival du piano romantique...


Prochain concert :
Philippe Giusiano, vendredi 23 août à 21 h. Mozart, Chopin, Liszt, Scriabine.
Réservations au 04 90 40 60 94
www.liszt-en-provence.com


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