Cyril Huvé et Daniel Mesguich au Château St Estève à Uchaux

C'est par une soirée d'automne frisquette que le comédien Daniel Mesguich et son complice pianiste, Cyril Huvé, ont fait voyager l'auditoire de l'Orangerie de St Estève vers les ciels ténébreux et angoissants du mélodrame romantique. 


Dans ce cadre, intime et cosy, l'âge d'or du mélodrame se révèle grâce à deux artistes sensibles. Sans eux, qui connaîtrait ces compositions de Liszt, de Schumann ou de Schubert, spécialement écrites pour se marier avec ces textes fantastiques ? : « Le moine triste » de Lenau, mis en musique par Liszt, évoque des tours moyenâgeuses fantomatiques, un cheval noir et un cavalier qui s'enfoncent dans un lac, la nuit ... L'imagination tourne à plein. Sous la double impulsion de la voix sombre et mystérieuse de Mesguich, au rythme tantôt ralenti, tantôt précipité, on est pris par le mélodrame, superbement ponctué par la très descriptive musique de Liszt, incarnée avec justesse par Cyril Huvé. 




Plus courts, « Les fugitifs » de Shelley et « L'enfant de la Lande » de Hebbel sont soulignés par le romantisme délicat de Schumann, joués sur le magnifique piano Erard. Lamartine et ses « Pensées des morts », extrait des Harmonies Poétiques et Religieuses, donnent encore du vague à l'âme , avec un Mesguich intime, puis Cyril Huvé commente magnifiquement le texte, avec la pièce au titre éponyme de Liszt. Les pensées noires s'accumulent en ce soir de novembre, avec un « Adieu à la terre » émouvant de Pratobevera, que Schubert positive d'une musique sereine. Vient Lenore de Bürger dont Liszt porte avec passion les mots, souligne tous les émois du cœur : « ton souvenir en moi luit comme une ostensoir... ».




Et puis, comme un festival au milieu des mélodrames, Daniel Mesguich récite un choix de poèmes de Baudelaire et de Verlaine, entrecoupés de deux poèmes pour piano de Scriabine et d'un extrait des préludes de Debussy. La poésie à l'état pur. Un bienfait dans les harmonies du soir, et les doutes. La chute du poème « Le mauvais vitrier » de Baudelaire, à elle seule fait frémir... Mesguich lance, d'un ton sans appel, dans des chuintements grinçants : « mais qu'importe l'éternité de la damnation pour qui, en une seconde, a trouvé l'infini de la jouissance ».


Prochain concert « Les dimanches de l'Orangerie » Château St Estève à Uchaux

Solenne Païdassi, violon et Laurent Wagschal, piano. Œuvres de Beethoven, Mendelssohn, Chausson et Saint-Saëns. Dimanche 8 décembre à 17h. Réservations : 04 90 40 60 94

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