Les
Chorégies des bicentenaires Wagner et Verdi, le directeur Raymond
Duffaut et les mélomanes s'en souviendront sûrement !
Tout
a commencé avant... le commencement, par l'annulation de la seconde
représentation du Vaisseau Fantôme de Wagner, face à une
réservation atone. Puis quelques jours avant le concert lyrique de
Anna-Caterina Antonacci et de Roberto Alagna, les Chorégies
diffusent le message suivant, le 16 juillet : « Monsieur
Roberto Alagna vient de nous faire savoir que son état de santé ne
lui permettait pas d’assurer le concert auquel il devait participer
ce vendredi 19 juillet à 21h45, dans le cadre des Chorégies.
De ce fait, ce concert se trouve annulé. Merci de votre
compréhension ». Coup dur, et branle-bas de combat au service
des réservations. Il faut effectuer les remboursements et joindre
les personnes en urgence...
Puis,
mardi soir, arrive la seconde et dernière représentation du Bal
Masqué qui doit mettre un point final aux Chorégies 2013. En
attendant le spectacle, dont la retransmission télévisée est
prévue sur France 2, Raymond Duffaut se tient au pied de la scène,
visiblement anxieux : « cela ira mieux à la fin du
spectacle, si tout se passe bien » lâche-t-il, tout en jetant
un œil noir vers les nuages menaçants. Pile à l'heure, la
représentation débute à 21h30. Mais au bout d'une dizaine de
minutes, une averse soudaine soulève une clameur dans la foule et le
chef, Alain Altinoglu, cesse de battre la mesure. En quelques
secondes les instruments sont rangées dans leurs étuis, les
timbales recouvertes, les micros encapuchonnés, tous les musiciens
se réfugient dans le théâtre. Sur les gradins, les parapluies
s'ouvrent. A peine trois minutes d'averse et, au bout d'une dizaine
de minutes, le spectacle continue : « nous reprenons au chiffre
6 » lance le chef. Les chanteurs se positionnent en quelques
secondes. Magique, comme après une pause sur image, le Bal reprend
sans anicroche jusqu'à la fin du premier acte. Mais, pendant ce
temps-là, sur France 2, on diffuse la première représentation qui
avait été précautionneusement enregistrée. Enchaînement avec le
second acte parfait, le public est sous le charme. Soudain, cinq
minutes avant la fin du second acte, après un léger coup de vent
annonciateur, de grosses gouttes tombent à nouveau, cette fois avec
plus d'insistance et plus longtemps. Raymond Duffaut annonce :
« Nous allons faire l'entracte maintenant, si à 23h35, il
pleut encore, nous reporterons la représentation à demain, sinon
nous essaierons de continuer ». En attendant, une armée
d'accessoiristes éponge la scène pentue à 12 %, pour éviter
toute chute, on frotte, on essuie. Un vrai ballet de balais. La pluie
semble avoir définitivement cessé : « Nous reprenons au
chiffre 26 au second acte » lance le chef en direction du
public. Chapeau les artistes, la musique revient, plus belle encore.
Fin du second acte. « Normalement ici c'est l'entracte »
lance le chef au public. Rires de la foule. Puis après quelques
instants, c'est le troisième acte. En plein milieu, tentative
désespérée d'un petit nuage perdu, il pluviote seulement, mais le
chef reste de marbre, les musiciens aussi. Seulement une légère
incontinence. Heureusement. Dans une atmosphère rafraîchie et
humide, le Bal termine les Chorégies 2013, sous les applaudissement
d'un public ravi d'avoir pu, malgré tout, vivre des moments
d'exception.
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