Opéra Grand Avignon : Ermonela Jaho triomphe dans Madama Butterfly


En ouverture de la saison lyrique avignonnaise, la soprano Ermonela Jaho, incroyablement investie dans le rôle de Madama Butterfly, a ému et impressionné le public avignonnais. La production de l'ouvrage, parfaitement homogène, a fait vivre intensément au public les passions et les blessures de la petite geisha. Un spectacle fort et émouvant.

Dans l'atmosphère des grands soir, l'Opéra Grand Avignon a ouvert sa saison lyrique avec l'opéra de Puccini, Madama Butterfly, mardi 19 novembre dans une salle archi-pleine. Dès l'ouverture de rideau, la vision du Japon éternel happe le spectateur. Une maison aux lignes épurées, faite de pièces aux cloisons de papier et de piliers en bois, surmontés de portiques, dit toute l'emprise de la tradition. C'est dans ce décor, signé Guy-Claude François, que survient Pinkerton, paradant dans son uniforme de lieutenant de la marine américaine. Deux mondes bien dissemblables que Mireille Larroche, metteur en scène, a su montrer avec subtilité : L'assurance des américains, l'intolérance des religieux traditionnels face à la force intérieure de Cio-Cio-San, l'amour, l'abandon, le désespoir, la mort, tout est là, traduit avec vérité, simplicité et force. Des caractères soulignés avec habileté et raffinement par les costumes de Danièle Barraud et les lumières de Philippe Grosperrin. Très belle transition poétique pendant l'intermezzo, au début du troisième acte, où les bougies scintillent dans la nuit...
Le ténor Sébastien Guèze y apparaît très à l'aise, souriant, jouant parfaitement au jeune officier insouciant et inconséquent. Sa voix claire fait mouche et assure avec aisance les aigus, et sait aussi s'épancher dans Addio,fiorito asil. Celle de Marc Barrard, naturelle et prenante, donne à Sharpless un relief singulier, air Ora a noi, qui procure au consul un côté humain et sensible. Quand Ermonela Jaho entre en scène, sa voix, dans un crescendo formidable, touche le cœur de tous. Puis, au fil de l'ouvrage, elle décline Cio-Cio-San sur tous les registres de sa voix, passant du plus petit pianissimo au forte passionnel. Et quand sort soudain, un petit filet de voix, il est parfaitement filé et ne rompt pas. Vivant le drame à fleur de peau, Ermonela Jaho signe une interprétation de Butterfly époustouflante, prenante, jouant et chantant avec ses tripes, laissant transparaître une fragilité émouvante. De Viene la sera leur duo d'amour enflammé, passant par Un bel di, dedremo mélancolique, jusqu'au dialogue déchirant avec son fils et enfin son sacrifice ultime, sous un soleil rouge, la soprano a tenu en haleine l'auditoire. Les protagonistes ont tous été au diapason de cette belle production, notamment Delphine Aidan chantant la précieuse Suzuki avec justesse, Raphaël Brémard en efficace Goro, mais également le bonze, Luc Bertin-Hugault, Ludivine Gombert alias Kate Pinkerton, Olivier Dejean en Yamadori, et encore Pierrick Boisseau, Jean-François Baron, Xavier Seince, Vanina Merinis, Audrey Kessedjian, Isabelle Guillaume sans oublier l'enfant, Violette Fauche, touchante de naturel.
On doit à la direction experte d'Alain Guingal une très belle version de l’œuvre. Aurore Marchand, chef du Chœur, a sur donner au chœur bouche fermée de la fin du premier acte une présence mystérieuse. L'Orchestre Régional Avignon-Provence a montré, une fois encore, sa capacité à forger une belle pâte sonore. Les cordes, mais aussi les vents, très sollicités, ont apporté avec bonheur les touches de sensualité et de passion, emblématiques de la musique de Puccini.


Prochains rendez-vous à l'Opéra Grand Avignon :
Concert Symphonique
Vendredi 22 novembre 2013 à 20 h 30 :
Orchestre Régional Avignon-Provence. Direction Samuel Jean.
Soliste Emmanuel Ceysson, Harpe.


My fair Lady,
Comédie musicale américaine de Frederick Loewe
Les 28/29 et 31 décembre 2013.
Mise en scène Paul-Emile Fourny
Choeur, Ballet et Orchestre Régional Avignon-Provence
Direction Dominique Trottein

Réservations 04 90 82 81 40








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