Orchestre Régional Avignon-Provence : Ouverture en Feu d'artifice musical

Une vraie réussite, cette ouverture de la saison de l'Orchestre Régional Avignon-Provence, vendredi 11 octobre au soir. Tout y était, ambiance festive, public nombreux, programme formidable truffé de découvertes, et des musiciens au top, et en frac ! Un must.

Et pour ajouter encore du plaisir au plaisir, l'orchestre n'est plus enfermé dans sa boite à bonbon. Ces cloisons marron en « plaques de chocolat » retirées, la musique respire. Elle circule des coulisses aux cintres et prend du volume, de la profondeur. Le confort d'écoute est maximal. Tout est prêt pour une divertissante escapade dans la musique du XIXème siècle.


L'ouverture de Zampa de Louis-Ferdinand Hérold, né l'année de la mort de Mozart, prix de Rome en 1812, copieusement détesté par Berlioz, ouvre le « feu d'artifice » et donne le ton. Résolument joyeuse et optimiste, elle met en valeur tous les pupitres de l'orchestre, emmené avec élan par Samuel Jean.

Une découverte pour beaucoup, le concerto da camera n° 1, pour piano et orchestre, de Charles-Valentin Alkan... Alkan ? Un parisien, né la fameuse année 1813, la même que celle de Verdi et Wagner, mais les hommages en cette année de son bicentenaire, à lui aussi, sont bien rares. Alors merci à Samuel Jean et à Philippe Grison d'y avoir pensé. Alkan, proche de la fabuleuse génération 1810 (1809-1811) avec les Schumann, Mendelssohn, Liszt et Chopin, avait fort à faire pour « exister » au milieu de tant de génies. Ce concerto virtuose reflète l'ambiance de cette l'époque, où les traits pianistiques chopiniens, voire lisztiens émaillent le discours. Le pianiste Romain Descharmes ne cède pas à l'emphase, ni à l'emportement gratuit. Sa passion est juste, dans les trois mouvement fort contrastés. Il emporte le public, dans cette chevauchée fantastique.

Avec l'ouverture de Guillaume Tell de Rossini, l'orchestre est en terrain conquis. Après la belle introduction au violoncelle solo, accompagné ensuite par un quatuor de violoncelles, c'est soudain le déferlement orageux et fiévreux dans un tutti orchestral impressionnant. Superbe, le cor anglais dans le passage bucolique qui suit, juste avant l'arrivée majestueuse des trompettes annonçant le galop final. Cuivres, cordes et percussions font vibrer le public, emporté par le rythme irrésistible. Les bravos enthousiastes marquent la fin de la première partie de la soirée.

Après la pause, voici le superbe concerto pour piano et orchestre en sol mineur de Camille Saint-Saëns. Composé en 17 jours seulement, créé à la salle Pleyel en 1868, en présence de Franz Liszt, qui complimenta le compositeur... Il reste le plus populaire des cinq concertos écrits par Saint-Saëns. Original, avec l'introduction du piano à découvert (comme le 4ème de Beethoven) qui prend au fil des mesures une atmosphère de plus en plus passionnée, jusqu'à l'entrée en scène de l'orchestre fortissimo. Grandiose. Romain Descharmes et Samuel Jean ont pris un bon tempo, pas trop rapide. Ensemble ils conduisent le discours de cet andante sostenuto introductif avec clarté et une très grande maîtrise. Le parcours, malgré un petit relâchement dans le scherzo, reste savoureux et conduit au haletant presto final, inventif et virtuose.

Les deux suites de l'Arlésienne de Georges Bizet, pièces populaires composent le bouquet final de ce feu d'artifice en musique. Les différents mouvements permettent d'apprécier la haute qualité de l'ensemble, et aussi les solistes, flûte ou encore saxophone, rare dans un orchestre symphonique. La sautillante farandole, revue et augmentée par Ernest Guiraud après la mort de Bizet, donne le tournis et l'admirable superposition des deux thèmes, marche des rois et farandole, mène à la conclusion, allègre et éclatante.

Ce superbe concert d'ouverture promet une saison exceptionnelle, avec un orchestre au mieux de sa forme. Et aussi des découvertes musicales en perspective, tout au long de la saison, consacrée cette année à la musique du siècle 1814/1914. Cent ans de chefs-d’œuvre à déguster avec l'Orchestre Régional Avignon-Provence qui célèbre ainsi ces cent ans d'existence.

Prochains concerts :

Mardi 5 novembre 2013, Ciné-concert au cinéma Le Capitole à Avignon. Film La Nouvelle Babylone (1929) avec musique de Chostakovitch jouée par l'Orchestre Avignon-Provence. Direction Alexandre Piquion.

Vendredi 22 novembre 2013, Concert Symphonique à l'Opéra Grand Avignon, avec le harpiste Emmanuel Ceysson. Orchestre Régional Avignon-Provence. Direction Samuel Jean. Œuvres de Fauré, Renié, Dubois, Saint-Saëns.

Renseignements et réservations au 04 90 82 81 40






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