Quatuor Ysaÿe : Une fabuleuse dernière intégrale Beethoven à Avignon

L'intégrale des quatuors de Beethoven par le Quatuor Ysaÿe, en quatre concerts consécutifs, à l'Opéra Grand Avignon, quelle plongée formidable dans l'univers intime d'un géant de la musique, et quel défi ! Relevé avec panache par les merveilleux musiciens de l'illustre quatuor, ces quatre soirs intenses, comme quatre rendez-vous en tête-à-tête avec Beethoven, ont été suivis assidûment par de nombreux passionnés de musique de chambre.
« La perfection n'est pas de ce monde » dit-on... L'auteur de cet adage n'a sûrement pas entendu le Quatuor Ysaÿe ! Sinon, il aurait été moins catégorique...
Tout au long de ces quatre soirs, le Quatuor Ysaÿe a été prodigieux. Sa sonorité ronde, chaude, quasiment celle d'un orgue dans les mouvements lents des derniers quatuors, semble irréelle. Obtenue par un fondu moelleux des quatre instruments, elle atteint un degré d'intensité inégalé. Dans les autres mouvements, les voix se distinguent tour à tour, le violon de Guillaume Sutre, d'une finesse et d'une luminosité incroyables, celui de Luc-Marie Aguera comme son double, l'alto de Miguel da Silva qui chante ou sanglote d'une voix presque humaine, le violoncelle de Yovan Markovitch qui impulse une énergie vitale ou s'envole avec lyrisme.
Les dosages entre les différentes voix du quatuor sont méticuleux, la mélodie passe de l'une à l'autre sans heurts, naturellement. Comme un seul instrument, avec une respiration commune. C'est de la broderie, de la dentelle, du cousu main. Résultat d'un savoir absolu de l'art du quatuor, où chacun écoute l'autre et le laisse s'exprimer sans querelle d'ego, où chacun s'épanouit à l'écoute de son instrument qui se marie avec celui des autres, dans l'expression aboutie de la partition. Cette complicité de tous les instants au service unique de la partition, cette jouissance du jeu en commun, ce plaisir visible d'être ensemble, de respirer à pleins poumons l'essence même de la musique, est le fruit d'un travail de bénédictin, exigeant, et sans cesse renouvelé.
Tout au long de cette intégrale, l'émotion partagée a fait vibrer les cœurs. Le public débout a longuement ovationné les quatre artistes : « Merci d'avoir soutenu par votre présence fidèle cette intégrale difficile » lance Miguel da Silva, ajoutant : « notre histoire s'achève bientôt ». Avant le point d'orgue parisien, cette dernière intégrale des 16 quatuors de Beethoven a été pour Avignon... Quelle chance et quel privilège !
En bis, le second finale du quatuor n° 13 opus 130 écrit par Beethoven à la demande de son éditeur, en remplacement de la grand fugue. Puis, devant l'enthousiasme du public qui crie : « Merci ! Merci! », les artistes rejouent le sublime mouvement lent du dernier quatuor, en guise d'adieu. Séquence émotion...
Enfin, à l'initiative de la Société de musique de chambre d'Avignon, tous se retrouvent au foyer de l'Opéra Grand Avignon autour d'une collation. Raymond Duffaut, directeur artistique, est ému : « Il y a bien longtemps, la « papesse » de la musique de chambre d'Avignon, Simone Girard, avait programmé une intégrale des quatuors de Beethoven qui se déroulait au Palais des Papes, avec le Quatuor Végh (dissous en 1980). Grâce à elle j'ai découvert la musique de chambre et, après cette exceptionnelle intégrale que nous venons d'entendre, je ne le regrette pas ! ». Au milieu de la foule d'admirateurs, des anciens élèves avignonnais du Quatuor Ysaÿe, le Quatuor Girard, est là pour ce grand moment de musique... Un beau passage de témoin...




Le Quatuor Ysaÿe à l'Opéra Grand Avignon. Intégrale des 16 Quatuors de Beethoven du 14 au 14 janvier 2014



 
Raymond Duffaut, directeur artistique, remercie le Quatuor Ysaÿe


Le Quatuor Ysaÿe et le Quatuor Girard

Commentaires