Le jeu du
jeune pianiste italien Vittorio Forte avait tellement plu à Thérèse
Français lors de son premier concert chez Liszt en Provence, il y a
deux ans, que la directrice artistique l'a réinvité dimanche
dernier. Bien lui en a pris. Cette fois, dans le cadre des dimanches
de l'Orangerie, et avec un programme fort original. Vittorio Forte,
directeur artistique du Centre musical IntermeZZo, situé sur les
rives du Lac Léman, a rapproché de manière inattendue deux
compositeurs a priori éloignés, François Couperin (17è siècle)
et... Frédéric Chopin * (19è s.)! Une façon de retrouver
l'esprit français de Chopin, dont le père était Lorrain. Ainsi,
les pièces de Couperin et de Chopin, deux par deux : « Le lys
naissant » en regard de la mazurka n°4, puis « La petite
pince sans rire » avec la mazurka n°2, posées côte à côte,
dévoilent leurs affinités, étonnantes et insoupçonnées, aussi
bien mélodiques que dans les ornements. Un face à face qui se
poursuit avec « Les rozeaux » collée à la mazurka n°1,
et « L'exquise », binôme de la mazurka n°3. Suit la
barcarolle de Chopin, tendre et passionnée. Merveille de
sensibilité, Vittorio Forte éclaire ces mélodies mélancoliques
d'un toucher serein, soulevant poésie, mystère et drame, force de
la passion, avec un égal bonheur, créant une palette de couleurs
inattendues. Après le mâle impromptu, (sur deux préludes de
Chopin), de Balakirev, d'une puissance expressive, vivifiante et
spontanée, viennent les « Six chants polonais » de
Chopin. Des bijoux de fraîcheur mélodique, habillés par Liszt,
maître de la virtuosité, qui sait ici rester simple déroulant le
chant dans un lumineux halo. Il s'épanche à nouveau dans sa
transcription de la Sarabande et Chaconne de Haendel, dans une
formidable amplification des thèmes et la subtilité de la
métamorphose. En bis, Vittorio Forte change l'ambiance. La géniale
marche turque de Mozart, dans une version jazzy irrésistible et
déjantée du pianiste turc Fazyl Say, achève de conquérir un
public ravi.
*
Vittorio Forte a enregistré un disque « Couperin-Chopin :
affinités retrouvées, paru chez Lyrinx fin 2013.
Texte paru en partie dans La Provence le 18/02/2014
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