Simon Boccanegra "une pure merveille"

Giuseppe Verdi s'est surpassé dans Simon Boccanegra, confrontant l'idéal politique du Doge de Gênes avec la brutalité de la réalité, tout en incluant le drame intérieur et familial. Le résultat musical est pure merveille, restitué lors de la première avignonnaise avec une homogénéité idéale dans les voix. Aboutissement d'une distribution parfaite, dans une profusion de rôles masculins créant des alliages magiques. Rehaussés par un Orchestre de Région Avignon Provence et des chœurs en grande forme sous la baguette experte d'Alain Guingal.



La soprano néerlandaise Barbara Haveman, pour la première fois en Avignon, a rendu le rôle d'Amelia, la fille du doge, bouleversant. Sa voix dramatique et ample s'est alliée merveilleusement dans le duo du premier acte, lorsqu’elle retrouve son père, Simon Boccanegra, chanté à la perfection par l'excellent baryton George Petean. Sa voix pleine et riche a déjà impressionné le public avignonnais en 2012 dans Il Trovatore. On le retrouvera avec bonheur ce dimanche pour la seconde représentation de Boccanegra, et dans le Trouvère aux Chorégies cet été, les 1er et 4 août dans le rôle du Comte de Luna. Le ténor Giuseppe Gipali, également venu en 2012 pour Il Trovatore, illumine la scène de ses aigus brillants et puissants, impressionnants dans ce rôle tourmenté de Gabriele Adorno. 

La basse Wojtek Smilek, accueilli de nombreuses fois depuis 2001, est un Fiesco imposant. Autre baryton de la distribution, le belge Lionel Lhôte qui débutait dans le rôle de Paolo a restitué avec subtilité la fourberie de ce courtisan, avec une voix prenante. Violette Polchi, Patrick Bolleire et Patrice Laulan dans des rôles plus effacés ont été excellents.

A noter l'atmosphère sombre, subtilement éclairée par Michel Theuil, amplifiée par les décors de verticales noires et rouges de Nathalie Holt, dans une judicieuse mise en scène de Gilles Bouillon qui dévoile toutes les facettes de ce thriller politique.



Photo : Cédric Delestrade

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