Grand moment, Luc Antonini à l'orgue de Monteux joue Landowski et Poulenc. Même programme le 26 juin à Avignon. Superbe !
Belle
co-réalisation, hier soir à Monteux pour un concert orgue et
orchestre où Landowski, Dvorak et Poulenc étaient à l'affiche. A
l'orgue, Luc Antonini, et au pupitre, Nicolas André à la tête de
l'Orchestre Régional Avignon Provence.
La
disposition de l'ensemble était particulièrement soignée,
l'orchestre avait pris place sous le grand-orgue et la console de
l'orgue, installée dans la nef à côté de l'orchestre, permettait,
pour une fois, de voir le jeu de l'organiste. Admirable aussi,
l'esthétique de l'élégante tribune au pourtour de verre, dévoilant le
buffet d'orgue dans son intégralité.
L'atmosphère
de la symphonie concertante pour orgue et orchestre de Marcel
Landowski, dont on fête cette année le centenaire de la naissance
(1915-1999) , qui ouvre ce concert, captive dès le premier instant.
Cette œuvre, qui a été écrite en 1993 pour l'organiste Jacques
Taddei et le chef de l'Orchestre de Cannes, Philippe Bender est fort
peu jouée, aussi c'était donc une découverte pour la majorité du
public. On y découvre, au fil des trois mouvements où le dialogue
entre les instruments solistes et l'orgue est constant, des espaces
poétiques aux harmonies subtiles. Souci aussi d'utiliser toutes les
ressources de l'instrument, des jeux de détail jusqu'au tutti, dans
des fulgurances rythmiques étonnantes. Malgré un discours parfois
chaotique, contrasté, l'impression que laisse cette première
audition reste forte et positive. La cohésion entre l'orchestre et
l'orgue est parfaitement maîtrisée, avec un bel équilibre. Une
œuvre à redécouvrir et à faire découvrir encore.
Respiration
romantique et fraîche, la Sérénade d'Antonin Dvorak en mi majeur,
fait chanter les cordes de l'orchestre dans un art mélodique
typiquement slave et tellement naturel. L'Orchestre Régional Avignon
Provence sonne merveilleusement, lyrique et délicieux dans le soir
d'été, sous la direction précise, souple, aérée, et même
dansante de Nicolas André, déjà apprécié à la tête du même
orchestre lors de la création de Peter Pan d'Olivier Penard.
Enfin,
place au concerto des concertos pour orgue, celui de Francis Poulenc,
donné pour la première fois à Monteux. D'un seul tenant, il tient
l'auditoire au fil d'un discours toujours bien conduit, avec sept
séquences contrastées, originales et truffées de trouvailles
harmoniques savoureuses. Poulenc a eu la bonne idée de placer en
face de l'orgue un orchestre à cordes. Cela permet à l'organiste
d'offrir, et de mettre en valeur, toute la palette sonore de
l'instrument de Monteux, des jeux de fonds riches et suaves, aux jeux
composés de jeux de détail délicats, jusqu'aux trompettes en
chamade brillantes et éclatantes, renforçant avec légèreté le
tutti. Luc Antonini a dominé par sa brillante technique, son art de
la registration, sa passion et son engagement, ce concerto qui
nécessite une osmose totale avec l'orchestre. Un point totalement
assuré par sa complicité avec le chef Nicolas André, lui aussi
également organiste. Un moment rare et riche fort apprécié et
applaudi. En bis, le final si original du concerto de Poulenc. Le
public est ravi.
Co-réalisation :
Orgue en Avignon et dans les Pays de Vaucluse et Orchestre Régional
Avignon Provence avec le soutien de Musique Nouvelle en Liberté et
organisé en partenariat avec l'Association des amis de l'orgue de
Monteux.
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