Musiques en fête mérite plus que jamais son titre de divertissement
préféré des Français. Un titre qui était, samedi soir, une
évidence pour les milliers de fans ravis, assis sur les gradins du
Théâtre Antique.
Le mistral têtu n'a pas gagné, le public est au rendez-vous. Il est
accueilli par des hôtesses qui distribuent généreusement des
chapeaux de paille et des œillets rouges...
La scène est truffée
de micros, des caméras-grue sont placées de part et d'autre, et
cette année, une « Spidercam » au nom évocateur... La caméra, accrochée à des filins se déplace et tourne au dessus de la tête
des spectateurs, avec la rapidité de l'éclair. Morgane production a
mis les grands moyens.
Alain Duault, présentateur de l'émission, vient donner ses
instructions au public et à 20:56, l'Orchestre de Marseille dirigé
par Luciano Accocela lance l'indicatif de Musiques en fête : le
prélude de Carmen. C'est parti d'un seul jet jusqu'à 0h10.
Pas de temps mort, tout s'enchaîne à toute vitesse avec tous les
chanteurs de la troupe de Musiques en fête offrant un Trénet
réjouissant : « Qu'est-ce qu'on attend pour être
heureux » repris par tous en chœur, et le public lance
jusque sur la scène ses chapeaux de paille, ça commence bien.
Première séquence opéra avec Annick Massis, Florian Sempey,
Clémentine Margaine et Jean Teitgen. Premières belle émotions
musicales et théâtrales, car cette année Nadine Duffaut a mis en
scène ces séquences, avec costumes et accessoires. Ici le Barbier de
Séville et Carmen, plus loin Offenbach, Rossini ou Verdi. On imagine le travail en coulisses dans un flot
incessant de numéros chantés, et pas de droit à l'erreur. Tout
paraît rodé, sans rodage.
Apparaît Christophe Willem, frêle silhouette à la voix émouvante,
dans la chanson « Mon Dieu » de Piaf, dans un bel
arrangement avec chœurs, de Didier Benetti qui a pris la baguette.
Succèdent des Donizetti avec Vannina Santoni, Julian Dran et ses
neuf contre ut de l'air « Ah, mes amis » et la
superbe Patrizia Ciofi. Les enfants de la Maitrise des Bouches du
Rhône et celle d'Avignon chantent gaiement « Y'a d'la joie »
de Trénet. Puis viennent des Mozart avec Violette Polchi et le beau
Duo « La ci darem la mano » entre Albane Carrère
et Nicolas Cavallier et Pa-pa-pa de La Flûte Enchantée par Florian
Sempey et Raquel Camarinha.
La première apparition du crooner hexagonal, Dany Brillant, c'est dans un duo de Carosone "Tu vuo far' l'americano" avec Florian Laconi, et ça bouge bien. Ses fans sont comblés, surtout quand il revient chanter seul, un peu plus tard, élégant et swinguant, dans un medley de ses plus
belles chansons.
Deux beaux moments avec Inva Mula et Clémentine Margaine. La première dans le superbe air "Dis-moi que je suis belle" de Thaïs
de Jules Massenet et la seconde dans le sensuel et mystérieux air "Mon coeur s'ouvre à ta voix" du Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns. Juste troublés par les bourrasques d'un mistral indécent qui ne respecte même pas la beauté des voix.
Annoncée en guest star, la soprano Natalie Dessay ne fera qu'une
apparition avec la très belle Vocalise de Rachmaninov, magnifiée de
sa voix incomparable.
Le train est soutenu. Pas de temps mort, mais le mistral semble faire
des « victimes » et, de temps à autre, quelques dizaines
de personnes s 'éclipsent dans la nuit.
Isabelle Gorges chante la célèbre mélodie de My Fair Lady pendant que les monuments de
Londres se dressent sur le grand mur. La troupe revient pour chanter
le sextuor du Voyage à Reims de Rossini.
Annick Massis chante
magnifiquement Casta Diva de Bellini, puis c'est une séquence Verdi,
avec un duo sublime de Laconi et Teitgen dans Aïda, formidable
Nicola Alaimo dans le Trouvère qui revient dans un trio dramatique
avec Kristin Lewis (qui chantera aussi le fameux Vissi d'arte de
Tosca) et Florian Laconi.
Halte douce avec le balançant Summertine de Geshwin et la voix pure de Ludivine
Gombert, et un medley amusant et divertissant de La Belle Hélène
d'Offenbach avec toute la troupe : " Je suis l'époux de la reine, poux de la reine, poux de la reine...."
Grand moment avec le Te Deum poignant et grandiose de
Tosca et Nicolas Cavallier et les chœurs excellents de Toulon,
Marseille et Avignon. Nouveauté cette année, la vidéo est projetée
sur le grand mur et au sol, de chaque côté de la scène, l'effet
immersion est saisissant dans le Te Deum où les vitraux de
cathédrale envahissent l'espace. De même qu'avec les flammes dans
le chœur de Don Carlo, de Verdi.
On s'achemine vers le final. Juste encore une séquence Gounod avec
deux airs magnifiques, Nathalie Manfrino, Vladimir Kapshuk et Vannina
Santoni sont parfaits. Séquence émotion, Alain Duault rappelle la
disparition du baryton Franck Ferrari (qui avait chanté sur la scène
des Chorégies), la veille de l'émission (qui lui est dédiée) le
jeudi 18 juin. Nicolas Cavallier, en hommage a chanté avec émotion un extrait de l'Homme de la Mancha "La quête" immortalisé par Brel :
Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile
Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile
Puis, sur la grande fresque chorales et symphonique « Les
danses polovtsiennes » de Borodine, le ballet de l'opéra
Grand Avignon sur une chorégraphie de Stéphane Jarny se lance dans
une danse générale survoltée.
Enfin, sous les paillettes d'or, toute la troupe se retrouve pour le
fameux « Libiamo » de La Traviata qui clôt cette
folle soirée dans la liesse générale.
Musiques en fête, en partenariat avec les Chorégies d'Orange, a
donc réussi pour la cinquième fois une performance hors du commun,
en réunissant une affiche d'artistes exceptionnels, dans un décor
prestigieux, pour un direct télévisé de plus de trois heures,
réalisé sans filage préalable, par Franck Broqua. Chapeau bas !
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