Dans le cadre de la Cour St Louis, les Chorégies accueillaient
samedi dernier, avant la représentation d'Il Trovatore, le récital
de la basse Nicolas Courjal, accompagné au piano par Antoine Palloc.
Entendu l'an dernier dans Nabucco aux Chorégies et régulièrement
invité à Avignon, l'artiste lyrique est largement apprécié et
suivi par un public fidèle.
Loin des sentiers battus, Nicolas Courjal a judicieusement porté à
son programme les fameuses mélodies françaises de Duparc et des
chansons de Jacques Ibert.
Sa voix, profonde et bien timbrée, se prête merveilleusement aux
mélodies de Duparc, passionnées à l'envi, articulées
merveilleusement, où l'émotion à fleur de peau suinte de la
musique et des textes puissants de Leconte de Lisle, François Coppée
ou Charles Baudelaire.
Autre atmosphère avec Jacques Ibert, usant ici de tonalités bien
ibères pour transporter l'auditoire dans le monde fantastique de Don
Quichotte. Nicolas Courjal y fait merveille, dans l'étonnante
Chanson à Dulcinée ou l'impressionnante Chanson de la mort. Antoine
Palloc colore les étrangetés harmoniques du piano de profondeurs
subtiles.
La seconde partie du récital, consacrée aux airs d'opéras, débute
par Mozart, l'air de Zarastro de La flûte enchantée. Toute
l'étendue de la tessiture de l'artiste se dévoile, des graves
somptueux aux media délicieux. Vient ensuite Gounod, l'air de
Soliman de la Reine de Saba où contrastes entre désespoir, colère
et chant d'amour montrent sa grande maîtrise. Le pianiste épouse
les moindres inflexions de la voix de Nicolas Courjal, sans déborder,
mais au jeu toujours affirmé, un bel exemple d'osmose artistique.
Dans l'air de Don Quichotte, de Massenet cette fois, Nicolas Courjal
rend les variations d'atmosphère avec délices. Dans l'air de
Philippe II du Don Carlos de Verdi, son « Elle ne m'aime
pas » distillé avec nuances, est poignant. Puis solennel
et intime dans Eugène Onéguine de Tchaïkovski. Enfin, le fameux
air de la calomnie du Barbier de Séville, bondissant à souhait,
termine ce récital enchanteur. Enfin, pas tout à fait, juste encore
un bis swinguant de Cole Porter, « Night en day »,
en bonus relax.
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