Temps idéal (1), programme idéal, musiciens idéals, c'était le trio
gagnant du concert de jazz symphonique concocté par les Chorégies,
lundi dernier. En tête d'affiche, les compositeurs Gershwin et
Bernstein et la soprano Julie Fuchs, le ténor Sébastien Guèze et
Fayçal Karoui à la tête de l'Orchestre Philharmonique de
Marseille.
Et c'est Bernstein et son opérette Candide qui ouvrent la soirée,
avec son ouverture pétaradante, suivie de l'air de Cunégonde chanté
magistralement par Julie Fuchs, sur un tempo retenu et de bon aloi.
Puis Gershwin débarque avec « Un américain à Paris »,
avec ses célèbres klaxons de taxis, et ses rythmes fougueux où les
glockenspiel, xylophone, célesta, tam-tam et autres batons de
rythme, font taper du pied en cadence. Au solo languide de clarinette
succède un irrésistible charleston où trompettes joyeuses
cavalcadent, avant un blues final sur un tutti triomphant.
Il existe mille et une versions de la fameuse Rhapsodie in blue.
Lundi soir, le pianiste Nicholas Angelich, à contrario de
l'orchestre, était résolument « no swing »,
jouant immodérement du rubato, jusqu'à en faire perdre le fil de
l'oeuvre. Une version toute personnelle.
Sans conteste, l'Orchestre Philharmonique de Marseille était à son
meilleur dans la suite pour orchestre de West Side Story. Et quelle
belle idée d'y intercaler trois airs célèbres de la comédie
musicale de Bernstein : Somewhere, Maria et Tonight. Julie Fuchs
y est sereine, rayonnante, voix posée, large et pleine. Sébastien
Guèze (qui remplaçait au pied levé Benjamin Bernheim) sait
être présent dans la passion et discret dans les finales
pianissimo, en voix de tête. La direction du chef, Fayçal Karoui,
complètement extravertie, dansant et fredonnant, au fil des Cha-cha
et des Rumble, allant même jusqu'à diriger la foule lors du
trépidant Mambo, fait sortir l'orchestre de ses gonds. La foule en
redemande.
Alors le chef sort sa botte magique, en bis il offre la Danzon n°2
d'Arturo Marquez, une contredanza d'origine cubaine, jubilatoire
tango symphonique qui échauffe la foule sur les gradins... vite
calmée avec un second bis : summertime de Gershwin et qui vibre
avec un troisième et dernier : Mambo ! Mambo !
1) même si, un temps la
pluie a menacé, à tel point que le directeur Jean-Louis Grinda
avait annoncé que le concert serait donné sans entracte.
Heureusement, il n'en a rien été.
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