Chorégies d'Orange : Bryn Terfel "sa voix de baryton-basse s'impose comme une évidence...large, profonde et vaillante".


Sa stature en impose, sa voix de baryton-basse s'impose comme une évidence, large, profonde et vaillante. Bryn Terfel, qui pourrait sans aucun doute faire partie de l'équipe de rugby galloise des Diables Rouges, a choisi d'incarner pour sa première orangeoise, les diables noirs de l'opéra. A commencer par le Mefistofele de Boito (programmé pour les Chorégies 2018) où le grave de sa voix gronde. Effet glaçant garanti. Elle tonne encore dans « Le veau d'or » de Faust, pour se détendre ensuite avec malice dans le swinguant « It ain't necessarily so » du Porgy and Bess de Gershwin.

La seconde partie, entièrement consacrée à Wagner, permet à Bryn Terfel de développer son timbre plein et doré sur des tenues longues. Elles s'envolent sur toute son exceptionnelle tessiture, qualité requise pour chanter Wotan. Qualité naturelle chez Bryn Terfel quand il incarne ce dieu coléreux, père des Walkyries, dans l'extrait de l'Or du Rhin dans lequel il déploie des crescendos puissants. Plus loin, lors les émouvants « Adieux de Wotan », long extrait de la Walkyrie, magnifique, le baryton-basse envoûte et dialogue avec un orchestre mystérieux et fascinant. On se prend à rêver d'un opéra entier de Wagner devant le grand mur... Ce condensé de toutes les facettes de la voix du Gallois, s'achève dans un impressionnant silence.



Entre les airs chantés par Bryn Terfel, l'Orchestre Philharmonique de Radio France, dirigé par Mikko Franck, somptueux toujours, débutait avec l'ouverture de la Force du destin de Verdi. Suivait la célèbre Danse macabre de Saint-Saëns pour rester dans la tonalité diabolique, un peu lente et martelée. L'ouverture d'Orphée aux enfers d'Offenbach, avec ses cancans et ses soli de violon, apportait un peu de détente. Enfin le survolté prélude de l'acte trois de Lohengrin, précédait la fameuse et ébouriffante Chevauchée des Walkyries.
Véritable showman, Bryn Terfel gratifiait le public du tube de la comédie musicale Un violon sur le toit : « Ah, si j'étais riche », tout en dansant et faisant claquer ses bretelles rouges. Bravos scandés. Pour terminer, il chante à côté du chef d'orchestre une douce mélodie galloise, berceuse en guise de bonsoir. Le public exulte.


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