Cour Saint-Louis, le public est clairsemé mais fortement intéressé
par cette rencontre consacrée à l'art de l'improvisation, avec
Jean-François Zygel, compositeur, professeur d'improvisation,
spécialiste du décryptage musical avec son magazine télé « La
boite à musique ». Après avoir joué quelques minutes, le
pianiste se tourne vers le public pour engager un dialogue : « Moi
je joue du piano, mais je n'arrive pas à sortir une note sans
partition, je suis paralysée » confesse une dame :
« L'art de l'improvisation ne consiste pas à faire
n'importe quoi », répond l'artiste : « Il
faut travailler pour acquérir des bases, les intégrer et mettre au
point un certain nombre de réflexes. Avec l'habitude et de
l'exercice, cela vient tout seul. Mais l'improvisation, ça ne
s'improvise pas » explique-t-il :« Et
pour improviser sur le film Le Fantôme de l'Opéra, vous vous
préparez ou pas ? » demande
un jeune homme : « Il vaut mieux connaître l’œuvre
pour anticiper les scènes et amener le suivantes » explique
Zygel, illustrations au piano à l'appui : « car
la musique doit amener l'image et non l'inverse. Pour cela j'ai fait
un découpage du film et j'ai travaillé les scènes. Et ce soir je
vais répéter au Théâtre Antique, après celles d'Aïda, entre
minuit et quatre heures. Demain, malgré ce que j'ai préparé, ce
sera bien une improvisation car rien n'est écrit, je n'aurai pas le
détail des notes comme sur une partition ».
Ensuite, Jean-François Zygel conte,
avec l'art qu'on lui connaît, comment autrefois les films muets
étaient mis en musique, : « il y avait toujours
de la musique, mais plus souvent avec de petites formations ou un
pianiste seul. Pas facile d'improviser ensemble, alors ils avaient
recours à des partitions classées par type de situation :
fête, scène d'amour, course poursuite, drame, dispute, bagarre,
mort. Ainsi les grandes lignes et l'esprit du film étaient
respectés, mais à chaque interprète sa façon d'éclairer l’œuvre,
ainsi c'est à chaque fois une nouvelle interprétation du film.
Alors que le cinéma actuel est figé une fois pour toutes, le cinéma
muet évolue encore de nos jours. Pour ma part, j'apporte ma pierre à
l'édifice, tout en essayant de ne pas faire de doublon entre les
images et la musique ».
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