Liszt en Provence : le merveilleux toucher du pianiste Marc-André Hamelin



Concert de Marc-André Hamelin,
Liszt en Provence, Château Saint-Estève, 84100 Uchaux
Dimanche 20 août 2017 à 21 h.


A peine en scène, pas d'hésitation. La sonate HobXVI/48 de Joseph Haydn, devient un festival de toucher pianistique, dès le premier instant. Le clavier enchanté de Marc-André Hamelin est là. Tout y est, legato, staccato, marcato, sforzando, amabile, cantabile, grazioso, presto... Et chaque note suit le destin que lui a assigné le maître. Tout est pensé dans le moindre détail pour étager les plans, faire vivre la polyphonie, soutenir sans cesse les bases rythmiques, faire avancer l'oeuvre dans une dynamique lumineuse. Quelle maîtrise, quel équilibre et quelle beauté ! 

Mais arrive Liszt et son incroyable Bénédiction de Dieu dans la solitude, troisième pièce du cycle Harmonies poétiques et religieuses. Chocs de simplicité, sérénité, émotion. Marc-André Hamelin réussit à faire des pianississimi audibles et timbrés. Unique. Mais la passion Lisztienne triomphante revient. Le pianiste amène les crescendo avec retenue, rendant encore plus éclatant le climax fortissimo. Là aussi, la construction est savamment orchestrée, soutenue par une technique infaillible.

Second Liszt, la Fantaisie et fugue sur B.A.C.H, écrite pour le piano d'après sa version originale pour orgue, fait monter la fièvre. Une fois énoncé, le thème court partout, à tous les étages, trituré, transformé, il prend feu dans une débauche de montées chromatiques puis éclate en apothéose. La virtuosité de Marc-André Hamelin dans cette pièce haletante est confondante d'efficacité. Encore et toujours contruite savamment, permettant au discours d'être lisible, aux accords foisonnants de sonner sans emphase et avec clarté. Quelle force décoiffante !

A côté, le mistral qui s'affole en rafales n'est rien. Et avec Schubert et son ultime sublime sonate, D960 en si bémol majeur, Marc-André Hamelin entre dans le monde intérieur Schubertien d'une ineffable beauté. Peu de pianistes font sugir du néant la superbe mélodie enrobée de ce halo romantique qui étreint. L'andante mystique, épuré, laisse planer l'esprit dans une douce extase. Après le délicat scherzo, l'allegro final apporte une joie plus démonstrative qui coule avec bonheur. Le toucher exceptionnel de Marc-André Hamelin, va droit au coeur et inonde ce monument musical de sensations profondes.

Enthousiaste, le public aimerait un bis et ne lâche pas l'artiste. Pour Marc-André Hamelin, après cette sonate, on ne peut rien jouer... Devant l'insistance des mélomanes, il revient jouer l'impromptu n° 2 de Schubert. Après Schubert, il ne peut y avoir que Schubert...


Prochain concert :

Elena Rozanova et Arseny Tarasevich-Nikolaev, concert à deux pianos
Chopin : 24 préludes
Liszt : Concerto Pathétique, Mazeppa et Les Préludes.

Resa : 04 90 40 60 94
www.liszt-en-provence.com





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