La pianiste valaisanne Béatrice Berrut, déjà entendue chez Liszt
en Provence en 2016, s’est produite à nouveau sur la terrasse du
Château St Estève avec Bach, Mahler et Liszt ce dimanche 19 août.
Mise en oreilles avec le grand Bach et sa seconde partita en six
mouvements. La sévérité du ton de do mineur, accentuée par une
interprétation très carrée, laisse cependant quelques belles
envolées joyeuses, notamment dans le capriccio final.
Place à Mahler ensuite, avec deux transcriptions de ses symphonies.
Faire entrer le grand orchestre symphonique de Mahler dans un piano,
tâche impossible ? Pas vraiment, car ce procédé révèle
aussi quelques réminiscences lisztiennes insoupçonnées.
L’interprète réussit à dégager toute la ferveur de ce chant
d’amour intense, contenu dans l’adagietto de la 5ème symphonie,
popularisé grâce au film Mort à Venise de Visconti. Le minuetto de
la 3ème symphonie, sur des rythmes plus gais offre un moment
délicieux sous les doigts plus légers de Béatrice Berrut.
Seconde partie, tout entière consacrée à Liszt, s’ouvre avec la magnifiqueVallée d’Obermann où le thème splendide revient sans cesse, toujours renouvelé. La pianiste offre là une page intensément poétique, bien structurée, où le chemin lumineux mène à la solennité finale. Son récital se terminait par Totentanz (danse macabre) variations de folle virtuosité sur le Dies irae. Le Fazioli encaisse les coups de boutoir rageurs engendrés par ce « jour de colère » si bien traduit par Liszt. Béatrice Berrut reste dans la noirceur totale, maîtrise toutes les figures virtuoses haletantes qui s’enchaînent diaboliquement. Après quelques mesures extatiques, le final apocalyptique laisse coi. Un bis bien mérité ramène l’auditoire à Bach. Après le diable, sa sicilienne angélique apporte enfin la sérénité.
Liszt en Provence, prochain concert dimanche 26 août à 21 h avec
deux pianos, Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle. Œuvres de Saint
Saëns, Tchaïkovski, Borodine, Debussy et Liszt.
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