Les concerts d'inauguration de l'orgue Quoirin par Luc Antonini, Jean-Pierre Lecaudey et Thomas Ospital




Une bénédiction, deux concerts, une messe et quatre organistes, rien de moins, pour les cérémonies de baptême du nouvel orgue Pascal Quoirin de la cathédrale, tout ce week-end (les 22 et 2 juin 2019). Quelle fête ! Et quel feu d'artifice musical ! Quel orgue ! Un joyau de technologie, répondant aux moindres sollicitations des organistes, sans faillir, avec une réactivité stupéfiante. Chacun d'eux composait sa propre palette sonore, déployant des trésors d'imagination pour le faire murmurer, chanter, illuminer, danser, mais aussi gronder et déchaîner les foudres célestes.

D'abord lors du concert d'inauguration de Luc Antonini et de Jean-Pierre Lecaudey, samedi en fin d'après-midi. Ce dernier met en valeur brillamment les jeux éclatants des trompettes, du rugueux cromorne dans la musique de Nicolas de Grigny et de Claude Daquin, puis l'exubérance, la vitalité débordante et lumineuse de la toccata en fa majeur de Bach, puis engage le cornet dans un dialogue avec le tutti de l'orgue dans les obsédantes et virtuoses Litanies de Jehan Alain.

Luc Antonini fait chanter Bach dans deux chorals de Leipzig puis Brahms dans un prélude sombre et introverti puis aborde avec fougue un extrait de la 6ème symphonie de Widor où l'orgue devient grand orchestre avec panache. Enfin donne à la motorique toccata de la 9ème méditation sur la Nativité, Dieu parmi nous d'Olivier Messiaen une énergie flamboyante. Touche provençale appréciée, la farandole de l'Arlésienne de Bizet, à quatre mains !

Dimanche matin, l'organiste d'Orange, Jean-Baptiste Diéval assurait avec maîtrise le premier office dominical aux claviers du nouvel orgue. A son beau programme, prélude en do de Bach, un verset de Dieu parmi nous de Messiaen, couplet du Kyrie de la messe des couvents de Couperin, largo de la 5ème sonate en trio et fugue en do majeur de Bach.

Dimanche après-midi, concert de clôture avec Thomas Ospital, organiste titulaire de l'orgue de St Eustache à Paris. Ouverture avec la pathétique et haletante fantaisie en fa mineur de Mozart, puis la 5ème sonate en trio de Bach merveille de contrepoint, où l'agilité et la précision du jeu de Thomas Ospital font merveille dans des sonorités limpides. Vient Liszt et son magistral et virtuose prélude et fugue sur le nom de Bach. Le public retient son souffle, les yeux rivés sur l'écran où le jeune organiste parcourt à la vitesse de l'éclair les trois claviers et le pédalier, dans une course folle des quatre notes du thème, jusqu'au climax final époustouflant.


Après le fluide prélude et fugue de Duruflé, des danses roumaines de Bartok aux combinaisons sonores étonnantes, Thomas Ospital improvise sur un thème de Guy d'Arezzo (XIème s) d'abord chanté par le père Berger. Sortant des tréfonds du temps timidement, le thème prend forme, et dans une merveille d'inventivité s'affirme et gonfle pour prendre sa place rayonnante dans le grave du pédalier, transcendé par un tutti énorme de l'orgue et des accords triomphants.


Le public en reste coi, et enthousiaste applaudit à tout rompre les interprètes, plébiscite le nouvel orgue, faisant une large ovation à Pascal Quoirin et son équipe, touché au plus profond de son être par tant de beautés.

Sous les ovations, le facteur Pascal Quoirin et l'organiste Thomas Ospital titulaires des grandes orgues de l'église St Eustache à Paris.


A l'issue du concert, l'organiste Thomas Ospital, le technicien conseil Eric Brottier, le président de l'APROOR (amis du patrimoine religieux et de l'orgue d'Orange) Ludovic de Piolenc, le facteur d'Orgue Pascal Quoirin, son épouse et son harmoniste.

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