Chorégies : La chaude et colorée Nuit espagnole avec Placido Domingo et le Ballet Antonio Gades



Après la Nuit Russe l'an dernier, Jean-Louis Grinda a choisi l'Espagne pour la 150ème des Chorégies. Promesse d'une nuit chaude, rythmée et colorée, avec en guest star Placido Domingo. La Compagnie Antonio Gades ouvre somptueusement cette Nuit espagnole avec Intermezzo, frémissant ballet de la zarzuela "La boda de Luis Alonso" de Geronimo Gimenez. Huit danseuses font tournoyer les blanches robes sévillanes, six danseurs sombrement vêtus virevoltent. Ensemble, ils vibrent au son des castagnettes, des zapateados bien frappés, entraînés par le rutilant Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par Oliver Diaz.



Ainsi dynamisé, le grand orchestre ne lâche pas la bride et cavalcade sans retenue dans les zarzuelas passionnées. Compliqué alors de franchir, percer le mur du son orchestral, pour les trois solistes, le baryton Placido Domingo, la soprano portoricaine Anna-Maria Martinez et le ténor espagnol Ismael Jordi. Le public d'aficionados, néanmoins conquis, leur lance des "Olé" et les applaudit à tout rompre. Miracle après l'entracte, l'équilibre entre les voix et l'orchestre apparaît enfin. On peut alors goûter à la voix ronde et chaude de Placido Domingo dans des Zarzuelas de Federico Moreno-Torroba ou de Pablo Sorozabal qu'il affectionne particulièrement. Sa voix, tour à tour vaillante et caressante, traduit à merveille les passions amoureuses traversées de drames : " mon amour, amour de ma vie, comme c'est triste de te dire au revoir ". La voix agile d'Anna-Maria Martinez plane au dessus des rythmes andalous, et Ismael Jordi, au timbre clair et brillant, lui répond : " je m'envole là où elle désire ".

Beaux moments d'orchestre avec Goyescas de Granados et de danse avec le ballet du Tricorne de Manuel De Falla, faisant sursauter l'applaudimètre. Soirée imprégnée de l'atmosphère du sud, oscillant entre exubérance et passion torturée des zarzuelas. Sans surprise, Placido Domingo a recueilli un hommage appuyé de cinq mille chorégiens, debout sur les gradins. Auréolé de son immense carrière il est chez lui en Provence !



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