Chorégies : Sommet des 150 ans des Chorégies, l'époustouflante et titanesque symphonie des Mille de Gustav Mahler



Un pur joyau, un diamant brut, une planète, un monde. La 8ème symphonie de Mahler, pure essence du génie humain, dont la conception même reste un mystère, (" J'ai été frappé comme la foudre et tout s'est présenté clairement à mon esprit " écrit Mahler), se dérobe à tout qualificatif, tout superlatif, tant les mots semblent inadaptés, fades et pâles face à la puissance et l'inventivité de la monumentale création musicale du compositeur autrichien. Les milliers de chorégien(ne)s ne s'y sont pas trompé, réservant des ovations enthousiastes après nonante minutes d'envoûtement total par cet ovni musical servi par des interprètes exceptionnels. 

Pour célébrer les 150 ans des Chorégies, la symphonie dite "des mille", événement majeur, était attendue avec fébrilité et gourmandise. Un dispositif scénique exceptionnel a permis d'accueillir, devant le majestueux grand mur, près d'un demi millier d'instrumentistes, de solistes et de choristes. Devant un parterre de personnalités, Marina Mahler, petite-fille du compositeur, du ministre de la culture au président de la Région, toute la maison Radio France était là : les deux orchestres, l'Orchestre National de France et l'Orchestre Philharmonique de Radio France, le Chœur de Radio France et la Maîtrise de Radio France, auxquels s'était joint le Chœur Philharmonique de Munich. Placés devant l'orchestre et les chœurs, les solistes, et à leur côté, le chef de toute cette multitude, Jukka-Pekka Saraste.



Dès le premier accord de l'orgue, les splendides chœurs entonnent fortissimo le Veni Creator. On ne saurait mieux dire que Mahler lui-même : " Imaginez-vous que l'univers commence à retentir, à résonner. Ce ne sont plus des voix humaines, mais des planètes, des soleils qui tournent…". Dès lors, sous la baguette énergique et précise du chef finlandais, mais en toute zénitude, le voyage spatial débute, tous embarqués dans les fulgurances des tutti impressionnants, magnifiés par les cuivres, le grave de l'orgue, les deux timbaliers... Voyage au cœur de l'amour, en seconde partie (Final du Faust de Goethe), avec les pianissimi des chœurs à couper le souffle, des soli de violon sur un tapis de voix en sourdine, des solistes vocaux exceptionnels engagés sur le toit de leur tessiture, soutenus par un orchestre somptueux, émaillé des sonorités étonnantes du célesta, du piano, de l'harmonium, de l'orgue, de trois harpes… On est ailleurs, loin.

Moment de communion rare, mystique, intense, inédit, fou, d'une qualité sublime. Chœur final triomphant dans un tutti général fortissimo : " Tout ce qui se passe n'est qu'une apparence, ici les choses imparfaites s'accomplissent, l'ineffable est réalisé, le charme éternel de la femme nous élève aux cieux ".



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