Chorégies : Musiques en fête, 10 ans !

 


Ah, que ces retrouvailles au pied du grand mur furent réjouissantes ! Pour les 10 ans de Musiques en fête, la production de France 3, Culturebox, France Musique, Morgane Production et les Chorégies d’Orange avaient invité les plus grands magiciens du son. Le public fidèle retrouvait les deux chefs d’orchestre emblématiques du rendez-vous tant attendu du début de l’été : Luciano Acocella pour la partie classique et Didier Benetti, arrangeur hors pair, pour la partie variétés. Sous leur baguette, les musiciens de l’Orchestre Cannes Provence-Alpes-Côte d’Azur, les chœurs de l’Opéra de Monte-Carlo et la Maîtrise des Bouches du Rhône, superbe dans l’Ave Maria de Caccini, choisi “air favori des auditeurs”, ont brillé comme jamais.

 

Le copieux et délicieux menu de la soirée, réalisé par Franck Broqua, présenté par Judith Chaine et Cyril Féraud, avait été concocté par Alain Duault, Pascale Dopouridis et Emilie Bontemps.

 

Ce bouquet d’anniversaire multivocal, savamment composé, dominé par les effluves de maîtres italiens : Verdi, Rossini, Bellini, Puccini, Mascagni, Arditi, suivies de près par celles de nos compatriotes Bizet, Gounod et Massenet et, toujours en bonne place, les exotiques Bernstein et Gershwin, mais aussi les plus rares de Falla, Theodorakis, sans oublier un léger soupçon de fantaisie avec les medleys.

 

La pléiade de chanteurs mêlant les nouveaux venus aux anciens formait un incomparable collier de perles. Côté dames, admiration partagée pour Sonya Yoncheva impériale dans deux extraits de Norma, étonnante et émouvante dans Who wants to live forever de Queen,  Ermonela Jaho, toujours vraie et vibrante dans Madama Butterfly, Patrizia Ciofi émouvante dans le très aérien "vergine degli angeli” de la Force du destin,  Béatrice Uria Monzon  sobre et grave dans le Cavalleria Rusticana de Mascagni, Imany touchante dans “Ne me quitte pas” de Brel. Que ce soit en solo, en duo ou en trio, le public a adoré les jeunes voix de Marina Viotti, Fabienne Conrad, Jeanne Gérard, Erminie Blondel, Ambroisine Bré, Faustine de Monès…

 

Côté messieurs, en infériorité numérique, le “doyen” de la manifestation Florian Laconi a régalé ses fans (et les autres) de sa voix d’or, claire et puissante, Thomas Bettinger  souffle passionné avec “Pourquoi me réveiller” du Werther de Massenet, Nicolas Cavallier superbe dans “Sperate o figli”  du Nabucco de Verdi, Cyrille Dubois  romantique à souhait dans “Les pêcheurs de perles” de Bizet, Lionel Lhote, profond dans le bel air d’amour du Trouvère, Maxim Mironov épatant dans la Danza de Rossini et Mischa Schelomianski dans la belle prière de Rossini. Moment apprécié, celui des quatre ténors, Laconi, Dubois, Bettinger et Mironov chantant successivement Caruso, La vie en rose, Maria (West side Story) et O sole mio.

 

Remarquables, les apparitions étonnantes de Nemanja Radulovic et son violon endiablé dans la fameuse Czardas de Monti, et Lucienne Renaudin Vary dont la volubile trompette swingue à merveille dans “Un Américain à Paris “ de Gershwin. Et encore celle de la danseuse de 13 ans, Irene Olvera, dans la Danse du feu de Manuel de Falla, de Laurent Gerra dans un medley de chansons françaises et des jeunes de Pop the opera chantant un Joyeux anniversaire à Musiques en fête et “J’ai dix ans” de Souchon. Et surprenante de l’animateur Cyril Féraud chantant en duo “Le blues du businessman” de Starmania aux côtés de Florian Laconi !

 

Tant de beautés vocales, de beautés chorales, instrumentales et orchestrales ont fait chavirer les coeurs du public, certes dûment vacciné contre le Covid 19, mais heureusement pas contre le spectacle vivant, vibrant ensemble dans la presque liberté enfin retrouvée dans un joyeux Libiamo final. 




 

 

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