De nombreux grands
éclats de rire fusent d‘un public toutes générations confondues, parcourant
joyeusement les gradins du Théâtre antique, ce mardi soir. Pas étonnant, les
Chorégies avaient programmé deux films de Charlie Chaplin, The Rink (1916) et
The Kid (1921), dans le cadre de ses
très appréciés Ciné concerts. Plus surprenant : constater que le génie de
Charlot a traversé plus d’un siècle, gardant totalement intacte sa force
comique et d’émotion. Le bonus des Chorégies : apporter un son somptueux à ces
films muets. D’abord avec Kira Parfeevets au piano qui illustre avec
imagination et talent les désopilantes aventures de Charlot en patin à
roulettes. On y retrouve quelques airs connus : Je cherche après Titine, le
beau Danube bleu ou la Danse du sabre et bien d’autres encore jouées de manière
ininterrompue, enchaînées avec fort à-propos, soulignant en improvisant, le
comique de situation. Charlot est irrésistible. Il surprend toujours par ses
idées folles, mais plus encore par sa façon unique de les mettre en scène, de
se mettre en scène, déclenchant un rire spontané.
Ensuite, le Kid
s’invite sur le grand mur dans une qualité d’image remarquable. Et cette fois
c’est l’Orchestre National Avignon Provence qui déroule en direct la bande son.
A la baguette, la nouvelle cheffe Debora Waldman dirige avec élégance et
passion. Chaplin s’est aussi fait compositeur, comme souvent dans ses films : “ je demandais à la musique d’être
un contrepoint de grâce et de charme, d’exprimer du sentiment “ confiait-il. Objectif atteint,
avec des tempis de valse, avec des glissandos aux violons frémissants, et une
orchestration étonnante comprenant outre les cordes, un célesta, vibraphone,
xylophone, clarinette basse et même une rarissime clarinette contrebasse ! Avec
The Kid, cette fois Chaplin joint le dramatique au comique, “ un film avec un sourire et peut-être une
larme “ titre-il dans l’ouverture de
son premier long métrage ou Chaplin passe des deux bobines habituelles à six
bobines... Avec lui, le rire n’est
jamais loin des larmes. Dans ce film, émouvant et drôle, Chaplin s’est souvenu
de ses années d’enfance misérable dans le sud de Londres et de la perte d’un
enfant. Dans The Kid, s’il est question d’abandon d’enfant, de recherche de
paternité, de misère, de nombreuses scènes comiques jalonnent ce chef-d'œuvre :
le biberon digne de MacGyver, la bagarre de rue, le stratagème du vitrier
providentiel. Et dans la pauvre mansarde, le rire revient toujours. De
l’optimisme comme mode de vie, comme pour faire oublier la trop dure réalité.
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