Chorégies : Vengerov et Brahms, Mikko Franck et Beethoven n°5


Deux monuments de la musique, des interprètes fabuleux, un cadre unique, et voilà un soir d’été transformé en fête de la beauté suprême. D’abord avec le concerto pour violon de Johannes Brahms, himalaya violonistique réputé injouable en son temps. Maxim Vengerov  et son Stradivarius de 1727 (Le Kreutzer), ont fait entrer le public dans la magnificence insondable de ce concerto prodigieux. De la majestueuse introduction jusqu’à l'époustouflante cadence du premier mouvement, acrobatique et échevelée, le violon tient tête face au somptueux orchestre, aux cordes splendides, aux cuivres solides et majestueux, emporté par la direction dynamique de Mikko Franck. Second mouvement, le violon sur toute l’étendue de sa tessiture, déploie après le hautbois sa sublime mélodie sur un tapis de cordes. Vengerov exhale la zénitude, le bonheur totalement serein de ce mouvement lent qui se répand dans l’espace, tournoyant dans le léger souffle du mistral. Atmosphère bondissante pour le final allegro giocoso, au parfum tzigane. Vengerov emporte avec lui dans un rythme irrépressible la foule vibrant dans un même tempo. Torrent d'applaudissements. Un adagio de Bach en bis, puis Vengerov souriant, s’efface dans la nuit.

Sans entracte, place au grand Beethoven et à sa symphonie culte portant le numéro 5, achevée en 1808. Si l’on ne retient souvent l’emblématique début, qui claque comme le tonnerre, toute la symphonie est marquée par l’empreinte du génie : “ c’est très grand, c’est absolument fou “ déclarait Goethe... Sentiment qui, même aujourd'hui, vient encore à l’esprit à l’écoute de ce déferlement de rythmes, partant des contrebasses et violoncelles,  infusant les altos, puis les violons pour se diffuser dans tout l’orchestre. La baguette électrique de Mikko Franck emporte l’adhésion des musiciens, du public, et malgré les pages de la partition qui se tournent toutes seules (Ah, ce mistral !) parvient à sublimer l’esprit beethovenien, tour à tour tendre, profond, combatif, vigoureux, trépidant et triomphant dans l’allegro conclusif, débordant d’une joie communicative.

 

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