Le pianiste Jean-Paul Gasparian, l'Orchestre National Avignon Provence, le chef Rani Calderon : un ensemble tonique !


Carton plein ! Alléchés par la superbe distribution et la belle composition du programme, le public était au rendez-vous à l'Opéra Grand Avignon pour écouter les œuvres de Mendelssohn, Rachmaninov et Smith, ce vendredi soir 25 novembre 22.

La soirée débutait avec la très belle ouverture de Ruy Blas de Félix Mendelssohn. Dès les premières mesures, les cuivres résonnent avec autorité et magnificence, vite rejoints par les cordes et la petite harmonie, tous très en forme, dans une qualité de son, une précision et une justesse remarquables.

Bien entendu, le romantique et acrobatique premier concerto pour piano de Rachmaninov, en fa dièse mineur, était attendu par tous, mais plus encore par des professeurs et élèves de piano présents dans la salle. Moins joué que les deux autres concertos, cette première œuvre composée en 1891 (Rachmaninov a 19 ans) porte le numéro d'opus 1, est particulièrement brillante et virtuose. Après une révision de cette œuvre par le compositeur lui-même en 1917, Rachmaninov constatait avec amertume que le public était encore mitigé : "  Quand je dis en Amérique que je vais jouer le premier concerto, ils ne protestent pas, mais je peux voir à leurs têtes qu'ils préféreraient le deuxième ou le troisième concerto ! ». 

Et pourtant, le premier mouvement flamboie sous les doigts d'un Jean-Paul Gasparian, racé, énergique, méga-virtuose. L'orchestre rutile sous la battue précise et impérative de Rani Calderon. Bonheur au climax lors de la cadence qui triture le thème à l'envi, dans une tension extrême. Les plus anciens ont entendu d'ailleurs ce passage toutes les semaines dans l'indicatif de l'émission de Bernard Pivot, Apostrophes !  Le second mouvement andante cantabile accueille un thème moins tendu, se développe, enfle et fait scintiller magnifiquement le piano avant le retour de la virtuosité effrénée dans le finale. Le public est ravi et déchaine des applaudissements jusqu'au bis.  Jean-Paul Gasparian revient à Rachmaninov qui lui va si bien, mais cette fois dans un registre calme et apaisé. 

Une rareté musicale en seconde partie avec la symphonie n°1 en do mineur de... la compositrice anglaise, Alice Mary Smith (1839-1884)  " qui incarne la création musicale de l'époque victorienne " précise t-on dans le livret de présentation. Il faut dire que cette compositrice et cette symphonie furent une découverte pour presque tous les auditeurs. Première britannique à avoir composé une symphonie, elle en laissa deux, mais écrira également de la musique de chambre, des cantates, des ouvertures de concert et des concertos. Les interprètes avignonnais ont donné à cette œuvre élégante, vive, et par moment solennelle, une interprétation lumineuse teintée de la vélocité d'un Mendelssohn doublée d'un charmant gazouillis.







 

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