Chorégies d'Orange : Ballet du Teatro alla Scala de Milan Encore, encore, encore ! Un enchantement !

 


Encore, encore, encore ! les spectateurs enthousiastes des Chorégies, auraient souhaité que l’enchantement ne s’arrête jamais… Le doux rêve éveillé, ininterrompu, s’est poursuivi au cours un triptyque parfait, aux styles contrastés : la Verdi suite, Blake works I et des extraits de l’acte II du Lac des cygnes. Dur de s’arracher au ballet du Teatro alla Scala de Milan dirigé par Manuel Legris, à cette empreinte de fluidité parfaite, à l'agilité dans la douceur qui touche les cœurs.

 

Dès le premier pas de la Verdi suite, la magie opère, instantanément. Chorégraphiée par Manuel Legris pour son arrivée à la Scala fin 2020, le danseur emblématique de l’opéra de Paris, nommé étoile par Rudolf Noureev, y déploie les grandes figures de la danse classique. Ballerines et danseurs évoluent dans une perfection, un raffinement, une élégance et une légèreté remarquables, dans les costumes argent et or, légèrement bleutés et parsemés de rose pâle de Luisa Spinatelli.

 

Changement d’atmosphère musicale et chorégraphique avec Blake Works I. Eclairage zénithal de Tanja Rühl sur des danseurs bleu nuit, ombres et lumières jouent et dansent en rythme. Point de double cabriole ou de grand-jeté, mais une multitude de plans groupés, juxtaposés, croisés, où les hauts des corps frémissent sur une base mouvante dans des déplacements rapides. La chorégraphie de William Forsythe, sur une musique planante envoûtante de James Blake, progresse par épisodes agités, barrés de stop & go. Leurs bras fébriles, mains déliées dans une folle mobilité, toujours élégante, ébauchent des figures classiques, s’estompant pour évoluer vers des échappatoires improbables, se jouant des conventions dans une étourdissante maîtrise des danseurs. Malgré une température tutoyant les 27 degrés…

 

On sent l’attente du public pour le troisième tableau qui promet avec des extraits du second acte du Lac des cygnes de Tchaïkovski. Le chef d'œuvre du ballet romantique est chorégraphié par Rudolf Noureev d’après Marius Petitpa et Lev Ivanov. Costumé par Franca Squarciapino, tout le corps de ballet en tutu immaculé entoure Odette (Nicoletta Manni) summum de la délicatesse et d’élégance, aux pointes parfaites et Siegfried (Timofej Andrijashenko) palpitant, admirable dans son porté lors du solo de violon du Pas d’action, et confondant d'aisance dans ses battements et entrechats. Après quelques apparitions de Rothbart, (Christian Fagetti), les danses des grands et surtout celles des quatre petits cygnes, captivent les regards. Attachés ensemble, leurs évolutions bras croisés et dans des sauts de chats symétriques, immortalisés par Ivanov, déclenchent des bravos enthousiastes. Trop court, les festivaliers seraient bien restés encore un peu dans ce lac magique. La vision, hélas fugitive, de ce ballet d’exception restera néanmoins gravée pour longtemps dans la mémoire des chorégiens.



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