La jeune prodige
apparaît dans une robe satinée rose pâle signée Dior, l’élégante silhouette de
Rachel Breen se faufile devant le clavier, et Liszt entre en scène.
Le fidèle public
retrouve avec plaisir Invocation,
première pièce des Harmonies poétiques et religieuses. Rachel Breen, séduit
avec la chaleur de son toucher, par un sens des détails et de la maîtrise de la
tourmente des sens, magnifiquement illustrée par un crescendo irrésistible,
soudain apaisé par un thème exposé grandioso.
Les six courtes bagatelles
de Beethoven, représentantes du dernier style du maître de Bonn, sont savamment
ciselées, épousant avec justesse les différentes atmosphères de ces miniatures
étonnantes, tantôt lyriques, calmes ou fulgurantes.
Le public attendait
la révélation de la soirée, les variations Goldberg de Bach par Rachel Breen
dont certains, outre atlantique, ne se sont toujours pas remis… “ on
s’en souviendra longtemps “ écrivait, en effet, un journaliste canadien.
Ces savantes variations, publiées à Nuremberg en 1741, ont été sobrement
titrées par Jean-Sébastien Bach : Aria avec
différentes variations pour clavecin à deux claviers. Goldberg étant
simplement un élève claveciniste de Bach, supposé les avoir jouées au supposé
commanditaire, le comte Herman von Keyserling, oublié de l’histoire. Le
mollasson thème d’entrée exposé, la pianiste réveille les plans sonores des
différentes variations, fait chanter la basse continue, et ne se perd pas en
bavardages. Son propos avance, tend le discours à l’aide d’un presque constant
staccato, dans une énergie folle, vive, claire où elle impose l’urgence. Dans
les variations plus calmes, (presque soporifiques, mais ne fallait-il pas
endormir le comte ?) son pianissimo se transforme en confidences, près du
murmure et des caresses. Rachel Breen ne subit pas l’écriture baroque, elle la
réinvente, donnant presque à entendre le clavecin de Bach, réunissant ses deux
claviers en un seul, polyphonique jusqu’au bout des ongles. Devant
l'enthousiasme du public, Rachel Breen revient, en bis, avec un petit prélude
poétique de Scriabine.
Prochain concert de Liszt en Provence
avec Eric Astoul, piano et Vérène Andronikov, soprano, le dimanche 22 octobre à
17h dans l'Orangerie du Château St Estève à Uchaux. 04 90 40 60 94.
Soirée baptisée : Bon anniversaire Franz ! Pour le
212ème anniversaire de la naissance de Franz Liszt, né le 22 octobre 1811 à
Raiding.
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