Tout commence donc avec ces quatre notes, harmonisées, dans l’aigu du clavier, ponctués par des octaves et clusters dans le grave, l’ensemble avec beaucoup de pédale, faisant durer les notes graves, puis leur superposant des accords dans l’aigu, laissant les harmoniques s’échapper, produisant un effet mystérieux et poétique.
Avec calme et sérénité, Gabriel Durliat aborde le Ricercare à 6 de l'offrande musicale de Bach, optant pour des épisodes contrastés, opposant tension et détente, pour un relief séduisant. Même système pour la Fantaisie et fugue en sol mineur où la tension est au paroxysme. Cette œuvre pour orgue, grâce à sa transcription pour le piano par Liszt, a permis à Gabriel Durliat de dégager avec habileté les grands plans de la fantaisie et d’imprimer à l'extraordinaire fugue, un tempo rapide, souple et mesuré.
Sans transition, retour vers une impro plus classique, puis apparaît le choral : “Viens sauveur des païens” transcrit par Busoni, d’une grande douceur, suivi d’une autre improvisation, cette fois plus violente et virtuose avant de revenir au vrai Bach avec son contrepoint XIV de l’Art de la fugue, resté inachevé. Dans une improvisation, très subtile et savante, Gabriel Durliat termine l'œuvre, à sa façon, gardant le style du contrepoint tout en imaginant une harmonie nouvelle, avant de conclure son récital dans une grande paix, par le choral : Jésus que ma joie demeure.
Dans le tiède soir d’été, le pianiste donne un premier bis avec un éblouissant et aérien “ François d’Assise parlant aux oiseaux” de Liszt, puis un second, “Pavane pour une infante défunte” de Ravel et enfin un dernier choral de Bach, prolongé de quelques notes improvisées. Durliat et Bach, ça marche. Passer de l’un à l'autre avec tant de naturel, c’est du grand art.
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